Dans un texte qui porte sur l'amour et ses objets, Pascal cherche à savoir ce que nous aimons au juste lorsque que nous disons aimer quelqu'un. De deux choses l'une en effet : ou bien les qualités qui nous plaisent chez la personne qu'on aime font qu'on l'aime elle en elle-même et rien d'autre ou bien ce n'est pas elle, en elle-même, qu'on aime, mais plutôt seulement les qualités qu'on trouve en elle, qu'on pourrait trouver chez d'autres et qui pourraient disparaître chez celle qu'on aime (...)
[...] Pascal, Pensées : le véritable amour Commentaire philosophique d'un extrait des Pensées (B. 323), de Pascal, dans lequel le philosophe se demande ce qu' aimer signifie véritablement. Texte étudié Celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on, moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. [...]
[...] Dit dans le vocabulaire de la métaphysique, le moi est une substance. Soit, mais qu'à cela ne tienne pourrait-on dire : que le moi ne se confonde pas avec les qualités physiques ou intellectuelles qu'ils possèdent à un moment donné, c'est une chose, qu'on ne puisse pas en faire l'objet de l'amour semble en être une autre. Pourquoi le moi ainsi défini ne serait-il pas ce que j'aime lorsque j'aime quelqu'un ou ce qu'on aime de moi lorsqu'on m'aime ? [...]
[...] Qu'est-ce que tout cela signifie ? Que si, comme cette analyse le montre, il faut distinguer une personne de ses caractéristiques physiques, alors il faut aussi admettre qu'une personne, et plus précisément ici son corps, ne se réduit pas à ses caractéristiques physiques puisqu'elle peut leur survivre. Un corps est donc plus et autre chose que l'ensemble des déterminations qu'il a à un moment donné. Toutefois ce n'est peut-être pas seulement pour les qualités du corps qu'on aime quelqu'un, mais aussi pour ses qualités intellectuelles. [...]
[...] Qu'elles ne durent pas ne suffit pas à les dire étrangères à nous, empruntées. Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'on peut bien dire, contre Pascal, que nous sommes nos qualités, que notre moi n'est rien d'autre que nos qualités et par conséquent, puisque ce sont nos qualités qui sont aimées (ou détestées), que c'est bien nous en nous-mêmes, c'est-à-dire tout entier dans nos qualités, qui sommes aimés. Nos qualités sont périssables ? L'amour périra avec elles ? sans doute, mais nous n'en serons pas moins aimés pour ce que nous sommes puisque nous sommes elles ou elles sont nous. [...]
[...] Cette réponse, il la fonde sur la distinction entre la substance qu'est le moi et les qualités qu'il peut avoir : seules les qualités sont aimables, or, le moi leur est étranger parce qu'il dure tandis qu'elles ne durent pas, donc le moi n'est pas aimé. A quoi on peut objecter que cela ne vaut que ce que vaut cette distinction qui est discutable. Que l'amour ne dure pas n'implique donc pas nécessairement que ce ne soit pas nous qui sommes aimés. [...]
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