La question à laquelle ce texte tente de répondre consiste à se demander, après avoir montré qu'elles sont indissociables, comment s'unissent la justice et la force : la force a-t-elle fortifiée la justice ou, au contraire, la justice a-t-elle justifiée la force ? Le problème ainsi soulevé ne consiste pas tant à se demander comment il serait souhaitable de lier entre elles la force et la justice, mais, de manière pragmatique, comment leur union est réellement possible dans le cadre de la vie sociale telle qu'elle est (...)
[...] La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique. La justice sans force est contredite, parce qu'il y a toujours des méchants ; la force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force ; et pour cela faire que ce qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort soit juste. La justice est sujette à dispute, la force est très reconnaissable et sans dispute. [...]
[...] De tout cela, Pascal tire la conséquence qu' "il faut donc mettre ensemble la justice et la force". Pourquoi faut-il les unir ou les lier entre elles ? Comment Pascal peut-il conclure que cette union est nécessaire ? A qui l'est-elle ? Pour la justice, on voit le bénéfice qu'elle pourrait tirer du secours de la force : puisque sans elle, elle est sans pouvoir, bafouée et même contestée, grâce à elle, elle pourrait s'imposer à tous, y compris aux méchants. [...]
[...] A la suite de cette comparaison, Pascal examine ce qu'il advient de la justice et de la force lorsqu'elles sont l'une sans l'autre. "La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique." A elle seule la justice n'a pas de pouvoir : elle n'est qu'une idée qui nous impose des devoirs, mais qui ne saurait nous contraindre à toujours les respecter. L'idée du juste nous fait l'obligation de nous y soumettre, elle n'a pas la pouvoir de nous faire faire ce qu'elle exige. [...]
[...] Qu'est-ce que cela signifie ? Que partout où il est question de justice : dans les tribunaux, dans les Etats, c'est-à-dire finalement partout où les conduites sont déterminées par les lois, ce qui est appelé justice n'est pas vraiment juste, que ce qu'on appelle la justice n'est jamais contraire, ni très éloigné des intérêts des puissants. Mais est-ce que cela signifie que sous couvert de justice, c'est la force pure et dure qui règne, que la tyrannie de la force se poursuit sans qu'on s'en rende compte ? [...]
[...] De ces deux possibilités, c'est celle qui est la moins favorable à la justice et la plus conforme aux intérêts de la force qui nécessairement l'emporte parce que la justice a cette faiblesse d'être difficile à définir. Aussi, partout où il est question de justice, il faut comprendre qu'on a en réalité affaire non pas à la justice, dont on ne sait pas d'ailleurs ce qu'elle est au juste, mais à une soumission apparente ou partielle de la force, exclusivement soucieuse de pouvoir durablement satisfaire ses propres intérêts, aux exigences de la justice. [...]
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