Le verbe "Divertir", du latin "di-vertere" signifie à l'origine détourner le regard. Pour Pascal, le divertissement désigne toutes les activités et actions par lesquelles les hommes cherchent à se détourner de leur misérable condition et de la nécessité de se tourner vers Dieu.
Pascal utilise l'exemple du chasseur pour illustrer ses propos : un chasseur considère le lièvre, c'est-à-dire, sa prise, comme le but final de sa chasse. Il pense que le seul fait de le posséder lui permettra d'atteindre le bonheur après tout ce qu'il a fait pour y parvenir, mais il se méprend. Pourtant, Pascal définit a prise comme "un lièvre qu'ils ne voudraient pas avoir acheté".
Le désir est-il alors celui de la prise ou bien de la chasse elle-même ? (...)
[...] Il est le symbole d'une réaction à quelque chose que nous, en tant qu'humains, ne supportons pas. Pour réduire le ressentiment la douleur, la souffrance que les hommes éprouvent, ils ont trouvé une solution, celle de, à défaut de le guérir, l'apaiser, par le désir, le divertissement. Alors que le ressentiment est intérieur, qu'il est une souffrance de l'âme, le divertissement, lui, est extérieur. Ainsi, la conscience qui souffre du ressentiment de la condition humaine, recherche le bonheur à travers la quête de ce qui lui fait défaut : Le divertissement et l'occupation au-dehors À ce premier instinct s'oppose un second : Et ils ont un autre instinct secret écrit Pascal, qui reste de la grandeur de notre première nature, qui leur fait connaître que le bonheur n'est en effet que dans le repos et non pas dans le tumulte. [...]
[...] Mais pour quelle raison les hommes n'arrivent-ils pas à trouver un équilibre dans leur quête du bonheur ? Pascal distingue deux instincts en l'homme : Celui qui porte vers l'agitation, et celui qui les guide vers le repos. Tous les deux sont qualifiés de secrets ils sont inconnus de l'homme, ils sont inconscients, du fait de leur nature. Les instincts sont en effet des comportements innés. Pascal écrit : Ils ont un instinct secret qui les porte à chercher le divertissement et l'occupation au-dehors, qui vient du ressentiment de leurs misères continuelles Ce premier instinct vient du ressentiment, qui lui-même est l'effet mais aussi la preuve du malheur de la condition humaine. [...]
[...] Ils cherchent une échappatoire, quel qu'en soit le prix. Ils mettent beaucoup de cœur, d'ambition et de persévérance dans ce qu'ils croient être la réalisation de leurs désirs, mais ce n'est en fait que dans la tentative d'évasion de leur propre existence qu'ils mettent tant d'ardeur Pascal dénonce cette agitation stérile qui ne procure qu'un bonheur éphémère, mais il reste lucide quand au fait que nous sommes tous des hommes. Ainsi, lorsqu'il écrit On leur reproche il évoque le monde, les hommes, une entité complète, le lecteur mais aussi l'auteur, et tous ceux qui font des reproches. [...]
[...] C'est donc la chasse que le chasseur recherche et non le but de sa chasse. Pascal affirme que ce lièvre ne nous garantirait pas la vue de la mort et des misères, mais la chasse, qui nous en détourne, nous en garantit Pour que le divertissement devienne quelque chose de sérieux, qui attire toute l'attention des hommes, il faut l'illusion d'un but à atteindre. La quête du bonheur et de la satisfaction prend alors la forme d'un cercle éternel. L'être désire, tend à un accomplissement de ce désir sans pourtant vraiment en avoir besoin, mais même si désirer, qui est un divertissement en soi, lui permet de s'évader pour un temps, l'être devra sans cesse renouveler l'expérience, n'étant jamais satisfait de la prise, ou de la réalisation de ses désirs. [...]
[...] Le premier, pour lequel tout fonctionne bien est bien entendu le portrait utopique de l'homme heureux. Le second est décrit de la manière suivante : l'autre aurait, comme le premier des liqueurs qu'il pourrait se procurer, quoique avec peine, mais n'ayant que des tonneaux percés et fêlés, il serait forcé de les remplir jour et nuit sans relâche, sous peine des plus grands ennuis Les liqueurs, ici, sont des métaphores des désirs humains, qui doivent sans cesse être renouvelés sans quoi l'homme se retrouverait confronté à sa triste condition de mortel. [...]
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