Comme le dénonçait La Boetie dès le XVIe siècle, l'humanité se trouve dans un état de servitude volontaire. Par paresse et par lâcheté, l'homme trouve plus aisé de se laisser guider plutôt que de penser par lui-même. L'objectif du mouvement des Lumières au XVIIe siècle est de faire en sorte que l'humanité ait le courage de penser par elle-même. Le mouvement est né en Allemagne et cette origine est intéressante car le nom allemand correspondant aux Lumières est : die Aufklärung. Le préfixe auf- en allemand exprime une idée d'action, le processus par lequel la lumière se fait. Ainsi dans le mouvement des Lumières réside intrinsèquement l'objectif de propagation et de diffusion aux êtres non éclairés. Ainsi lorsque Kant exprime le fait de « parvenir aux Lumières », il s'agit déjà de les propager.
Pour cela, Kant préconise « la liberté de faire un usage public de sa raison ». Ce que Kant appelle l'usage public de la raison, c'est la faculté de l'Homme à faire usage de sa raison en tant qu'être raisonnable et hors de tout contexte professionnel ou privé.
Un problème se pose alors, à savoir comment faire pour qu'autrui pense par lui-même ? A-t-il besoin d'un tuteur pour l'aider, doit il faire l'effort seul ?
Ce problème est essentiel à l'épanouissement de chacun car même au XXe siècle la question soulevée par les Lumières reste d'actualité.
Nous verrons donc dans une première partie la manière de parvenir aux Lumières, nous analyserons ensuite problème de l'existence d'un « tuteur » pour enfin considérer une solution possible à la propagation des Lumières.
[...] A ce stade de la réflexion, nous avons du mal à comprendre comment peut se faire la diffusion des Lumière étant donné que l'Homme seul est condamné à ramper sur le terrain de la minorité et que la seule présence d'un guide éclairé va à l'encontre de l'esprit des Lumières. Nous venons de voir à l'aide du paradoxe du maître développé par Kant que l'Homme a besoin d'un maître pour contrôler son côté animal et développer en lui sa raison. [...]
[...] Il a tendance d'une part à être égoïste et à vouloir évoluer seul mais d'autre part il a aussi un penchant à entrer en société. Ce paradoxe apparent est défini de manière dialectique par Kant qui affirme que cette insociable sociabilité entraîne l'Homme vers le progrès. Pour illustrer cette dynamique dialectique, Kant prend l'exemple d'une forêt : les arbres sont contraints dans une forêt à s'élever les uns au dessus des autres pour profiter de l'air et du soleil, leur croissance est ainsi droite et régulière. [...]
[...] On peut donc envisager une société dans laquelle le philosophe, à l'image de Kant, puisse accompagner l'humanité sur le chemin des Lumières en faisant un usage public de sa raison. Il pourrait avoir comme objectif d'aider les hommes à prendre conscience de leur servitude dans un premier temps pour ensuite leur donner les moyens de renoncer à la facilité ; la facilité de penser le prêt à penser En se donnant comme objectif de diffuser les Lumières, les philosophes du XVIIe ont peut être voulu jouer ce rôle de guide spirituel. [...]
[...] L'humanité se trouve donc dans l'impossibilité de s'épanouir totalement. Considérer que l'humanité ne peut se réaliser qu'approximativement du fait du problème fondamental de son éducation, implique une idée de perfection de la nature humaine. L'Homme ne peut réaliser pleinement sa nature justement parce que cette dernière est parfaite et ne peut être atteinte. C'est pourquoi l'Homme doit constamment s'attacher à la réalisation de sa nature. De là naît l'idée de progrès concernant l'humanité. L'Homme doit réaliser sa nature au cours d'un progrès qu'il aura toujours à poursuivre. [...]
[...] Pour parvenir aux Lumières, rien d'autre n'est requis que la liberté et à vrai dire ( ) celle de faire un usage public de sa raison Comme le dénonçait La Boetie dès le XVIe siècle, l'humanité se trouve dans un état de servitude volontaire. Par paresse et par lâcheté, l'homme trouve plus aisé de se laisser guider plutôt que de penser par lui-même. L'objectif du mouvement des Lumières au XVIIe siècle est de faire en sorte que l'humanité ait le courage de penser par elle-même. [...]
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