A la fois dans la rupture et la continuité, le Sophiste se démarque des précédents dialogues par la mise au point historique qu'il effectue. Dans le Théétète déjà, Platon met en place une foule de préparatifs à un lendemain chargé. D'abord Socrate n'est qu'un « accoucheur d'esprit », insuffisante à une révolution ontologique proprement platonicienne donc. Et, second préparatif majeur, une recherche largement approfondie mais s'achevant sur la frustration de l'aporie de l'opinion fausse (suite à la dernière réponse de Théétète à la question : « Qu'est-ce que la science ? » qui affirme qu'elle est « l'opinion vraie accompagnée de λόγος »). Nous sommes déjà avertis du grondement platonicien. Dans le Sophiste, le ressentiment de Platon éclate au grand jour en mêlant à la refonte de toute l'ontologie grecque, son affrontement victorieux face à l'Ennemi du philosophe. Certes cela se mélange vraiment bien, mais le problème de la réalité du faux le peut en tout...
[...] En 235a, loin d'être capturé, le sophiste est néanmoins cerné. La technique de division a permit à l'Etranger de déterminer, par définitions successives, le terrain sur lequel le sophiste doit être attaqué : son dernier refuge, celui sans lequel il est perdu, la divine citadelle parménidéenne. Elle est encore invisible quand il faut donc établir qu'il est un magicien. Car de son rôle de contradicteur, il s'est révélé devoir tout connaître (232 e). Or, une τεχνη tout connaissante est véritablement la dernière chose concevable. [...]
[...] Ainsi la sentence de Parménide pose-t-elle immédiatement le problème en énonçant son second membre : Le non-être n'est pas. Mais, ô divin Parménide, pourquoi ne te tais-tu donc pas ? aurait peut-être souhaité répondre l'ironie socratique devenue platonicienne. Mais dans le Sophiste, l'ironie tout comme dans Socrate d'ailleurs n'est pas de mise. Il faut remonter ses manches, chercher et trouver ; s'élever et franchir les impasses. Ce dialogue s'attache à résoudre le problème en révélant la nécessité d'abord impossible d'un faux réel. [...]
[...] A partir de Sophiste de Platon, expliquer comment se fait-il que le faux soit réel A la fois dans la rupture et la continuité, le Sophiste se démarque des précédents dialogues par la mise au point historique qu'il effectue. Dans le Théétète déjà, Platon met en place une foule de préparatifs à un lendemain chargé. D'abord Socrate n'est qu'un accoucheur d'esprit τεχνη insuffisante à une révolution ontologique proprement platonicienne donc. Et, second préparatif majeur, une recherche largement approfondie mais s'achevant sur la frustration de l'aporie de l'opinion fausse (suite à la dernière réponse de Théétète à la question : Qu'est-ce que la science ? [...]
[...] Il ne doit s'exprimer qu'au silence. Or ce qui est faux, et le faux même ne sont pas vraiment. Le faux isole du réel tout ce qu'il touche. Il est un terme, venant du néant, qui évite la confrontation immédiate de l'être et de sa négation, confrontation qui impose d'abord la non- existence. Le faux n'existe donc pas nous dit alors Parménide. Mais en ce cas, comment expliquer l'erreur, le mensonge ou l'opinion fausse ? Comment attester de leur réelle nécessité si leurs répétitions quotidiennes n'y suffisent pas ? [...]
[...] Car accuser le sophiste de faussaire de connaissance tout en étant dans l'impossibilité de démontrer que le faux qu'il produit est réel, reviendrait non seulement à être ridiculisé, mais ferait tout aussi bien l'objet d'un délit grec de fausses accusations. Le comble. La recherche proprement ontologique est ainsi entamée dans l'exposition de l'axiome du père Parménide. Platon tente donc une première mise en lumière de la nécessité d'un faux réel. En se référant à une possibilité de numérisation du non-être dans le λόγος, on doit d'abord reconnaître que dire le non-être, c'est déjà dire quelque chose. Et quelque chose est nécessairement. [...]
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