Parerga et Paralipomena, Schopenhauer, parabole, fable, politesse, nature humaine, vie en société
Ce texte de Schopenhauer traite des rapports sociaux entre semblables. Il s'articule en trois mouvements : d'abord l'épisode des porcs-épics rapprochés par le besoin de se tenir chaud ; ensuite une analogie avec la société des hommes qui permet d'analyser ce qui permet à cette société de perdurer ; enfin, un dernier mouvement, qui semble définir la société comme un pis-aller dont s'affranchissent ceux qui en ont la capacité. . .
[...] Le regroupement est donc moins efficace, mais il est cependant rendu possible par l'astuce consistant à se rapprocher raisonnablement L'image des hommes ne ressentant pas la blessure des piquants permet de montrer que les hommes ne subissent pas les défauts de leurs semblables s'ils trouvent la bonne distance à laquelle vivre les uns des autres "Celui qui possède beaucoup de calories propres" désigne les individus qui peuvent s'auto-subvenir, c'est-à-dire sans l'aide des autres. Ce sont donc les personnes très autonomes, celles qui peuvent être solitaire sans souffrir du manque de compagnie. L'exemple le plus abouti serait donc sans doute l'ermite Pour bâtir son texte, Schopenhauer s'est servi de l'analogie, dont la forme la plus aboutie en littérature est la fable, qu'il s'agisse de celles de Jean de la Fontaine ou du poète grec Esope. * promiscuité : absence d'intimité ou d'espace propre pour s'épanouir sans que gêner l'autre. [...]
[...] Parerga et Paralipomena - La parabole des porcs-épics - Arthur Schopenhauer (1851) Questions Réponses aux questions 1. La scène décrite par Schopenhauer dans la première partie du texte se déroule en hiver par une "froide journée" Le choix de l'hiver se justifie par le besoin de figurer une période de l'année durant laquelle les individus seuls ne peuvent plus subvenir à leurs besoins de manière autonome et ont besoin les uns des autres En se rapprochant les uns des autres, les porcs-épics cherchent à bénéficier de leurs chaleurs individuelles, comme le font d'autres espèces d'animaux Les porcs-épics s'éloignent les uns des autres à la douleur ressentie en raison de leurs piquants, du fait de la faible distance qui les sépare lorsqu'ils sont réunis Ils cherchent par conséquent à fuir la douleur infligée par les piquants des autres Les porcs-épics tentent de se soustraire à la fois à la souffrance du froid et à celles de leurs piquants Ils y parviennent lors de la 2nde tentative, qui leur demande un temps d'ajustement afin de trouver la bonne distance L'auteur passe de la première partie à la deuxième au moyen d'une analogie que l'on repère à l'aide de l'outil comparant "ainsi" Les hommes comme les porcs-épics trouvent des intérêts à vivre ensemble et, sitôt qu'ils sont réunis, en subissent les désagréments "Le vide et la monotonie de leur propre intérieur" désigne le fait qu'un homme seul ne se suffit pas à lui-même et recherche la compagnie de ses semblables C'est donc l'envie d'échanger et de découvrir l'autre qui poussent les hommes à se rapprocher les uns des autres Le problème examiné par Schopenhauer dans ce texte est donc celui de la difficulté à trouver la bonne distance afin de vivre confortablement avec ses semblables Les qualités repoussantes citées par Schopenhauer peuvent désigner chez les hommes des défauts qui les empêchent de vivre harmonieusement ensemble. [...]
[...] Autrement dit, les hommes souffrent de la solitude et recherchent une compagnie susceptible de les distraire. Or si les hommes n'ont pas de "piquants", ils ont des défauts qui les rendent insupportables les uns aux autres. Confrontés au même dilemme que les porcs-épics, ils doivent eux aussi trouver une distance qui leur permette de se supporter mutuellement afin de bénéficier de leur compagnie sans souffrir de ses inconvénients : leurs défauts. Il s'agit ici d'une image philosophique qui ne correspond à aucune période historique en particulier, et a pour objet de proposer un modèle pour comprendre la raison qui a poussé les hommes à se regrouper en société. [...]
[...] Ce compromis a des limites, que souligne Schopenhauer : le "chauffage mutuel" - c'est-à-dire dans le cas des hommes les bénéfices à vivre ensemble, comme la distraction ou la compagnie - ne sont pas maximaux, mais si les hommes se rapprochaient davantage, ils risqueraient de ressentir avant tout les désagréments d'être réunis. La politesse constitue donc une astuce pour se supporter les uns les autres. Il existe cependant une dernière catégorie d'hommes qui adoptent une stratégie différente, et cet exemple permet à Schopenhauer d'exprimer sa véritable analyse de la société. [...]
[...] Dès lors, les porcs-épics sont confrontés à ce qui s'apparente à un dilemme (ils sont "ballottés") : se rapprocher pour se tenir chaud mais souffrir de leurs piquants ou bien rester à distance raisonnable mais souffrir à nouveau du froid. Le caractère de prime abord insoluble de ce dilemme est illustré par la répétition du problème : les porcs-épics se rapprochent puis s'éloignent. Cet épisode sert en réalité au philosophe d'analogie pour exposer un problème semblable auquel sont confronté les humains comme le montre l'emploi du comparant "ainsi". [...]
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