Pourquoi les Etats seraient-ils seuls capables d'assurer la paix, si désormais la part non-étatique de la société mondiale se préoccupe aussi des grandes questions politiques, et notamment de la guerre, donc de l'absence de paix ? Aussi étudiera-t-on ici en quoi il est justifiable que les Etats soient seuls en charge lorsque se pose la question de la paix (I), avant d'évoquer en quoi la société non-étatique intervient dans les questions de guerre et de paix (II). Cette démarche préalable est nécessaire pour pouvoir comparer le rôle des Etats et celui de la société non-étatique, afin de savoir si l'un exclut l'autre (III)
[...] Personne dans les cercles diplomatiques ne semble d'ailleurs la remettre en cause. D'une certaine manière, cela a de quoi rendre pessimiste, puisque, alors, la paix est entre les mains des dirigeants des Etats impliqués, qui n'ont pas toujours intérêt à promouvoir cette paix. Or, si les Etats et leurs diplomates revendiquent ainsi de régler leurs comptes entre eux, c'est sans doute que cela peut se justifier par un élément de la nature des Etats. Il faut donc expliciter la notion d'Etat, puis en quoi la paix en dépend Un Etat peut être défini, du point de vue externe (par exemple, pour un observateur non-impliqué), comme un phénomène politico-social caractérisé par trois éléments de base : un territoire, une population et un pouvoir politique. [...]
[...] En Palestine, ce sont actuellement des Etats qui tentent d'obtenir la fin de la crise. On est donc face à un paradoxe : Pourquoi les Etats seraient-ils seuls capables d'assurer la paix, si désormais la part non-étatique de la société mondiale se préoccupe aussi des grandes questions politiques, et notamment de la guerre, donc de l'absence de paix ? Face à une telle problématique, il est inévitable de s'interroger sur les choses floues que l'on évoque. La paix, les Etats, on perçoit au moins un lien diffus entre ces choses, qui ont en commun de traiter des rapports politiques entre les hommes. [...]
[...] Il est possible de justifier cet état de fait de diverses manières. Si l'on suppose, comme Hobbes, que l'Etat est le fruit des choix d'hommes rationnels, ou en tout cas d'hommes qu'un conatus porte à faire des arbitrages entre plusieurs choix pour améliorer leur situation, confrontés à un état de nature hostile, on aboutit à une conception de l'Etat qui explique à la fois la légitimité de ce dernier et son indépendance vis-à-vis des intérêts de la population qu'il régit. [...]
[...] Or, cette définition n'a force de droit qu'à l'intérieur de l'Etat. En effet, on peut distinguer la souveraineté interne de la souveraineté externe. La première concerne les rapports de l'Etat avec sa population, la seconde les rapports de l'Etat avec le reste du monde. Or, l'Etat ne peut exister avant que soit établie la souveraineté interne car, sinon, cet Etat serait privé de population sur laquelle exercer le pouvoir politique. Par contre, la souveraineté externe existe toujours du point de vue de l'Etat, mais ne s'applique, dans le reste du monde, qu'à ceux qui la reconnaissent. [...]
[...] Cependant, en poussant cette idée jusqu'à ce vers quoi elle tend, on rejoint un autre concept en gestation, celui de gouvernement mondial L'aboutissement des institutions intergouvernementales d'aujourd'hui est peut-être de se transformer, à terme, en une espèce de super-Etat, capable de réguler ce qui sous-entend qu'il n'y aurait pas dans ces institutions de prétention autre que technique les divers rapports que les Etats entretiennent entre eux, et avec les autres acteurs. Comme l'Etat le fait entre les personnes, le super-Etat (avec les guillemets car un Etat a une population et un territoire, ce que n'aurait pas formellement cette institution) garantirait l'application d'une loi minimale, non pas seulement entre les Etats, mais par les Etats, à l'intérieur des Etats. Peut-être est-ce là la prochaine utopie. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture