Toutes les religions, toutes les mythologies semblent avoir formulé un récit de la création et de l'organisation du cosmos par une puissance supérieure, quelle qu'elle soit. Parallèlement à ces croyances, les progrès scientifiques n'ont cessé d'accroître la connaissance qu'a l'homme du monde dans lequel il vit, mais pour autant, peut-on affirmer que le monde a un ordre ?
Commençons par nous interroger sur le terme "monde" : en effet, la conception qu'ont eue les hommes du monde a été au centre de révolutions successives dans la pensée scientifique. Au cosmos des Grecs, conçu comme un monde clos, un ensemble fini et hiérarchisé constitué de la Terre et du Ciel, s'est substitué un univers infini et homogène. Cette "ouverture" du monde met ainsi en lumière le passage d'un monde ordonné à un univers dont l'absence de limites était signe de chaos. Le passage du "monde clos à l'Univers infini", pour reprendre l'expression de Koyré, a-t-il constitué un passage de l'ordre au désordre du monde ? Ceci nous amène à définir plus précisément la notion d'ordre : on parle d' "ordre social" pour définir l'ensemble des règles auxquelles les citoyens doivent se conformer, d' "ordre mathématique" pour désigner par exemple une suite de nombres entiers... L'ordre comprend plusieurs acceptions, et nous retiendrons ici le sens général défini par Lachelier, comme d'une "cohérence quelconque, fondée sur un rapport qualitatif, quantitatif, mécanique ou théologique", une relation intelligible où l'ordre s'oppose au désordre. (...)
[...] Quelles seront les conséquences de la science actuelle qui entreprend d'apporter dans la nature des processus et des phénomènes cosmiques qui ne s'y trouvaient pas ? Le pouvoir humain de création semble avoir progressé aussi vite que sa puissance de destruction, nous sommes en train d'accomplir des choses que tous les âges ont considéré comme la prérogative exclusive de l'action divine (Condition de l'homme moderne, Sciences de la nature et sciences de l'univers La question environnementale a pris à l'heure actuelle une place centrale dans les débats, qu'ils soient politiques, sociaux ou scientifiques, comme autour de la question des déchets nucléaires, ce qui semble mettre en lumière la nécessaire recherche d'un développement de l'homme qui soit plus respectueux du monde dans lequel il vit. [...]
[...] L'idée d'aliénation de l'homme au monde qu'exprime Hannah Arendt met en lumière le danger de la physique actuelle qui entreprend imiter et de reproduire certains phénomènes naturels : création d'énergies, accélérateurs nucléaires atteignant la vitesse de la lumière . et de manier la nature d'un point situé hors du globe Sommes-nous devenus étrangers au monde ? C'est ce que semble mettre en lumière l'idée de l'aliénation de l'homme, et celle de son renoncement à un point de vue universel pour une science qui soit elle- même universelle, malgré les dangers que cela comporte. Sommes-nous en train de causer un désordre du monde ? [...]
[...] L'ordre du monde est-il celui par lequel on fait l'expérience des choses ? Selon Aristote, nos sensations renvoient à des réalités fondamentales : si la Terre tournait, on sentirait le sol se mouvoir sous nos pieds. Si nos sens nous sont indispensables, il semble cependant qu'ils ne soient pas suffisants pour acquérir une représentation précise de la façon dont les phénomènes se produisent. Sur un bateau au milieu de l'océan, la mer s'étend au-delà de notre vue et nous semble infinie, pourtant la mer est un élément fini. [...]
[...] L'exemple pris par Pascal illustre bien les limites dont nous sommes objets : nous avons besoin d'air pour respirer, et pour connaître l'homme, il faut savoir d'où vient le fait que nous ayons besoin d'air pour subsister, de même que l'on ne peut connaître l'air que dans son rapport à l'homme. La base du propos de Pascal réside ici en l'affirmation de l'existence d'un Dieu créateur tout-puissant, seul capable de connaître et de concevoir l'ordre du monde, contrairement à l'homme qui est limité et mortel. Cependant, il me semble que cette théorie revient à nier toute faculté de l'homme à connaître le monde et les phénomènes, en basant la source de nos connaissances sur le témoignage de nos sens. [...]
[...] ) sur lesquelles porte un raisonnement. Mais bien qu'étant des productions de notre esprit, les mathématiques s'appuient tout de même sur des sensations, présentes par les courbes, les symboles écrits, par la vérification et l'application des formules. Selon Hannah Arendt, les mathématiques, et l'algèbre plus que la géométrie, ont réussi à se délivrer des chaînes de la spatialité et à libérer l'homme des entraves du fini de sa connaissance ”(Condition de l'homme moderne, Pocket, VI, p.334) L'idéal moderne consisterait à exprimer des réalités physiques grâce à des équations et des formules mathématiques. [...]
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