Le questionnement sur la notion d'oeuvre d'art est plutôt moderne. Ce n'est que depuis le XVIIIème siècle et le début de l'industrialisation que l'on cherche à donner une définition de l'oeuvre d'art qui la distingue des autres réalités.
D'ailleurs le mot art vient du grec « technê » qui désigne toutes les productions humaines en opposition avec celles de la nature, ainsi dans l'antiquité artisanat et beaux arts se confondaient. En ce sens l'oeuvre d'art ne se distingue pas tellement des autres réalités qui composent le monde sensible et qui s'opposent aux concepts du monde intelligible. Mais est-elle pour autant assimilable à un objet fabriqué quelconque, caractérisé par son utilité ?
Certes l'oeuvre d'art est bien une réalité que l'on peut percevoir par nos sens et sur laquelle on peut même apposer un prix. Mais ce n'est pas pour autant une réalité comme les autres puisque l'Esthétique kantienne distingue nettement la production d'oeuvre d'art de la production de n'importe quel autre objet fabriqué, soumise à divers déterminismes. En somme ce qui fait de l'oeuvre d'art une réalité à part entière, voire supérieure aux autres, c'est sa capacité à « re-présenter » le monde avec subjectivité et émotion. Notre démarche consiste alors à montrer en quoi les oeuvres d'art se distinguent des autres réalités.
L'art, comme la philosophie sonne comme, une notion abstraite, un simple concept. Il en est autrement de l'oeuvre d'art qui est comme un aboutissement sensible de l'art puisqu'elle compose notre monde et est présente de manière concrète autour de nous. C'est une affirmation encore plus vraie dans notre société de consommation dans laquelle l'oeuvre d'art est devenue elle aussi un produit de consommation.
Il convient dans un premier temps de justifier de la place qu'occupe l'oeuvre d'art dans notre monde en référence avec « L'Allégorie de la caverne » de Platon. Dans la représentation imagée du monde sensible, l'oeuvre d'art semble s'associer aux figures d'hommes, d'animaux et de toutes sortes de formes que des hommes promènent le long d'un mur telles des marionnettes, ainsi on peut affirmer la réalité sensible des oeuvres d'art (...)
[...] L'œuvre d'art apparaît comme une passerelle entre la banalité des autres réalités et la créativité de l'imagination, voire ses débordements. Si pour Platon il est nécessaire d'exclure les poètes de la cité c'est parce que, comme les autres artistes, en donnant une apparence de la réalité ils trompent le peuple. Mais cette capacité à donner une représentation de la réalité, pour des philosophes plus contemporains, n'est pas un danger mais bien une richesse, ce qui donne tant de valeur à l'œuvre d'art. [...]
[...] C'est bien parce que les œuvres d'art sont des réalités de valeur du fait de l'implication de l'artiste. Nul ne sera percevoir dans un quelconque objet fabriqué les émotions, la patte de celui qui l'a produit tandis que la représentation qu'offre un tableau est subjective et fait d'humanité. Le but de l'œuvre d'art selon Hegel dans son Esthétique est de représenter d'une façon concrète et figurée ce qui s'agite dans l'âme humaine Il est vrai que si l'on compare une photographie de l'église d'Auvers-sur-Oise et la représentation qu'en fait Van Gogh en 1890, on dira que celle du peintre est la plus éloignée de la réalité mais elle a beaucoup plus de valeur. [...]
[...] Ainsi les menuisiers reproduise une esthétique déjà existante comme des meubles du style Louis XIII. Et enfin l'artisanat est un métier donc la production de l'artisan n'est pas gratuite mais bien motivée par un intérêt économique, l'entreprise doit être rentable. A cette définition s'oppose celle que Kant nous donne de l'artiste. L'artiste c'est le génie soit la disposition innée de l'esprit par laquelle la nature donne ses règles à l'art il se caractérise donc par son originalité, son émancipation de toutes formes de déterminisme et son incapacité à donner une cause à sa production. [...]
[...] Pour ma part le beau réside dans le sentiment humain et dans la communication, et si l'œuvre d'art a tant de valeur c'est parce qu'il en émane un sentiment d'humanité. Donc l'œuvre d'art est une réalité à part entière, sensiblement supérieure aux autres. Selon cette définition de l'œuvre d'art, tout homme peut-il alors devenir à son tour artiste ? [...]
[...] Ainsi la seule fin d'une œuvre d'art est d'être belle, elle a sa fin en soi, c'est-à-dire qu'elle a pour finalité de plaire par sa forme. L'objet lui a sa fin hors de lui, il vaut avant tout pour son utilité. Kant parle de finalité sans fin et résume cette idée par la beauté est la forme de la finalité d'un objet, en tant qu'elle est perçue sans représentation d'une fin On dira de l'œuvre d'art qu'elle est une beauté libre puisque l'on peut en juger librement en fonction du sentiment qu'elle nous procure sans se référer au concept de ce qu'elle doit être, à condition d'écarter tout dogmatisme artistique. [...]
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