A priori, on serait tenté de dire qu'une oeuvre d'art est un objet comme un autre. Il semble en effet évident que, perceptible par nos cinq sens mais également analysable, « décortiquable » par notre raison, l'oeuvre d'art ne se différencie pas des autres objets nous entourant. Mais l'oeuvre d'art, simple représentation de la réalité, ne peut-elle pas être considérée comme inférieure aux autres objets ? D'un autre côté, ne pourrait-elle pas au contraire être une réalité transcendante aux choses, au monde qui nous entoure ? L'oeuvre d'art ne peut-elle pas prendre de libertés avec la réalité ? Est-elle de même nature que celle-ci ? Bref, qu'est-ce qui distingue une oeuvre d'art d'un objet quelconque ? (...)
[...] C'est Picasso par exemple, dans son Guernica, qui fera prendre conscience au monde de l'horreur et surtout de la réalité des bombardements survenus sur la petite ville basque, atrocités que la presse tentait de masquer, faisant croire que la ville avait été ravagée par un incendie ! En ce sens, l'œuvre d'art transcende une nouvelle fois l'objet quelconque. Enfin, la contemplation esthétique, liée donc à l'œuvre d'art, est ce qui a le pouvoir d'élever l'homme, pour Schopenhauer notamment. Selon lui, seule la contemplation esthétique a le pouvoir de détacher l'homme des ses égoïsmes, de ses désirs En effet selon Schopenhauer, la vie oscille tel un pendule, inlassablement, de la douleur à l'ennui Douleur causée par un manque, ennui causé par la satisfaction comblée de ce manque. [...]
[...] A priori donc, l'œuvre d'art apparaît réalité comme les autres. Perceptible par les sens aussi bien qu'analysable par la raison, relevant de la mise en œuvre de techniques et demandant du temps, étant enfin de même inspiration, le doute sur le lien art / réalité ne semble pas permis au premier abord. Pourtant, si a priori il n'y a pas d'hésitation, a posteriori nous pouvons nous demander si l'œuvre d'art n'est pas une réalité inférieure aux autres objets ? Est-elle toujours compréhensible par tous ? [...]
[...] Or chez Platon, la place du poète peut faire un lien entre art et Dieu. En effet pour Platon, le poète est le messager des Dieux, son génie lui vient d'une inspiration divine, ce n'est pas véritablement lui qui produit mais la puissance divine qui le pénètre tout entier. Le poète ne sera que médiocre dans tous les autres domaines artistiques, preuve que son génie des mots lui vient d'une force transcendante Art et artisanat étant rendus possibles par une même origine divine, il n'y a pas de raison que l'œuvre d'art soit un objet différent des autres. [...]
[...] Elle nous fait (re)découvrir la vérité de notre quotidien, a une force dévoilante. La formule de Klee le résume : Non rendre le visible mais rendre visible En effet, l'artiste a un accès direct aux choses, il passe outre les signes conventionnels qui nous permettent de définir un objet et de le distinguer pratiquement d'un autre pour la convenance de la vie quotidienne (Deleuze). L'artiste a le pouvoir de réformer notre regard, de nous faire voir le quotidien sous un nouveau jour comme l'a exprimé le poète Francis Ponge. [...]
[...] Certains peintres comme Miro, pour citer l'art dans un autre registre, ont suscité une grande incompréhension en réalisant des toiles avec un simple trait voir même un unique point ! En ce sens, l'œuvre d'art a moins de réalité que l'objet, puisqu'elle ne représente pas le monde qui nous entoure véritablement. Cet art n'étant pas même un semblant de recherche d'imitation de la nature, il ne se voit pas conférer grande réalité Dernièrement, l'art est le plus bas niveau de réalité, selon Platon notamment. [...]
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