Dans le travail des peintres et des sculpteurs sur le nu, le sens donné à la beauté du corps humain est porté à sa plus grande richesse – sens irréductible à toute norme conventionnelle. L'art serait le domaine privilégié où la beauté serait proprement l'objet d'une expérience : on parle des beaux-arts – les arts du beau, dit Kant par opposition aux arts mécaniques (technique).
Notons d'abord que toute expérience de la beauté n'est pas nécessairement liée à l'art, Kant fait même de la beauté naturelle (libre ou adhérente), indépendante de tout caractère humain intentionnel, le lieu le plus manifeste du jugement esthétique. Réciproquement l'art est bien souvent indissociable de contextes, et de significations sacrées, politiques, utilitaires : son assignation à la pure sphère de la contemplation esthétique est un fait récent (Hegel remarquait que quand le temple est déserté par le dieu et le rituel, il devient pur objet d'un regard esthétique). Pourtant, il semble bien exister une relation forte, incontestable, entre beauté et art.
Pour comprendre cette relation, il convient d'abord de se débarrasser de représentations simplistes. Il est totalement faux de voir, d'un côté, un art classique, préoccupé par le respect des règles du beau idéal impersonnel ; et de l'autre un art contemporain résumé à l'art conceptuel dont les 'sculptures' de Duchamp (porte-bouteille, fontaine-urinoir) seraient les seules manifestations, semblant vouloir tourner le dos résolument à toute référence à la beauté. Les grands artistes classiques, en effet, respectent des contraintes formelles mais n'y réduisent jamais la réussite de chaque œuvre, qui est particulière ; chacun des peintres de la Renaissance italienne a, comme le remarquait Proust, un monde bien à lui.
[...] Si le propre de l'œuvre d'art (ce qui n'exclut pas qu'elle puisse avoir d'autres significations) est de nous mettre au cœur du monde d'une manière qui peut avoir le calme et la tranquillité dont parle Matisse ou encore une violence déconcertante, et que sa beauté est l'expérience de cette pure et simple stase dans l'existence, on comprend la méfiance générale des artistes envers toute tentative de fixer la beauté dans un idéal du beau Ce qui nous donne le sentiment de la beauté d'une oeuvre d'art, c'est sa force évocatrice, qui n'a souvent pas grand-chose à voir avec la tentative de faire beau Delacroix écrit dans son journal (10 février 1847) : Je disais à Demy qu'une foule de gens de talent n'avaient rien fait qui vaille, à cause de cette foule de partis pris qu'on s'impose ou que le préjugé du moment vous impose. Par exemple, de cette fameuse beauté, qui est, au dire de tout le monde, le but des arts. [...]
[...] Voir par exemple : Le fort carré d'Antibes peint par N. de Staël), et où nous-mêmes sommes au fond invités à n'être plus que présents corps et âme L'œuvre d'art est toujours une certaine mise à part du monde, et en même temps dans l'œuvre s'ouvre le monde. Pensons à la danse : quand le mouvement du danseur ne fait que donner lieu, laisser librement se déployer le jeu du corps et de l'espace, ce jeu que nous ne voyons pas parce que quand nous voyons quelqu'un se mouvoir c'est pour faire quelque chose, aller quelque part. [...]
[...] Char : Ce qui importe, c'est de fonder un amour nouveau à partir d'êtres et d'objets jusque-là indifférents (Recherche de la base et du sommet). - Par là elle consiste à condenser : J'ai à peindre un corps de femme : d'abord je lui donne de la grâce, un charme, et il s'agit de lui donner quelque chose de plus. Je vais condenser la signification de ce corps en recherchant ses lignes essentielles Condenser veut dire : faire apparaître ce corps dans toute l'intensité de sa présence. [...]
[...] Le contraire : l'immonde. Le mot mundus a été utilisé en latin pour traduire le grec kosmos, signifie monde mais d'abord le joyau, la parure : ce qui rehausse et révèle[14], porte au maximum de densité et de rayonnement. Le monde entendu en ce sens ne se révèle qu'à un regard (humain). Ce regard qui se tient simplement attentif à laisser être le monde (à chaque fois un monde : celui du temple, celui de la maison à la cascade), à se laisser prendre par le jeu des rapports qui se déploient, est expérience de la beauté. [...]
[...] Écrit à l'âge de soixante-quinze ans, par moi, autrefois Gwakiô Rôjin, le vieillard fou de dessin. " À la même époque que Proust on trouve chez le philosophe Bergson une conjecture similaire (cf. annexe 2 : le banal peut-il être beau). Voir : http://images.google.co.ma/images?hl=fr&lr=lang_de lang_es lang_fr&client=fi refox- a&channel=s&rls=org.mozilla:fr:official&hs=5pZ&ei=6SuPSdCHJYn40AWrw6yXCw&res num=1&q=frank+lloyd+wright+fallingwater&um=1&ie=UTF-8&ei=7iuPSbLuFY- N_gbGs8W5DA&sa=X&oi=image_result_group&resnum=1&ct=title Un bâtiment simplement implanté et ne répondant pas au lieu peut-il être jugé beau ? D'où : cosmétique ! Héraclite, fragment 112 : L'harmonie inapparente vaut mieux que l'harmonie apparente L'harmonie apparente c'est la taxis, la summétria, l'ordre et la symétrie. [...]
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