Kant, objet, fonction utilitaire, cause finale, utilité, oeuvre d'art
Dans la question posée ci-dessus, nous pouvons dégager deux concepts principaux. Le premier, celui d'objet, désigne un terme polysémique. Ce terme provient du latin objectum, de objecere qui signifie "jeter devant soi". Historiquement, un objet désigne tout ce qui affecte les sens et peut être appréhendé par un sujet comme un objet. Selon la théorie de la philosophie de la connaissance de Kant, l'objet est conçu soit comme une réalité donnée, présente dans l'expérience perceptive, soit comme réalité faite à partir de l'expérience sensible qui unifie la diversité d'une intuition donnée sous un concept. Pour s'interroger sur l'utilité des objets, il est nécessaire de se concentrer sur l'entité qui est définie dans un espace à trois dimensions, qui a une fonction précise, et qui peut être désigné par une étiquette verbale. Il est défini par les relations externes qu'il entretient avec son environnement. L'objet est, en philosophie, un concept qui s'oppose au sujet et qui y est relié, car il n'y a pas d'objet sans sujet et c'est pour le sujet que les objets existent. Les objets et les sujets ont une "histoire naturelle" de l'interconstitution. L'autre concept employé dans la formulation du problème, l'utilité, du latin utilis, "qui sert", "qui est avantageux". L'utilité peut être vue sous deux angles, ce qui peut être avantageux pour quelqu'un, pour plusieurs ou pour tous ou encore sous un angle philosophique comme le moyen en vue d'atteindre une fin ; selon Kant, ce qui est utile est "ce qui est bon pour quelque chose, ce qui plaît seulement comme moyen" (Critique de la faculté de juger). Ici, la notion d'utilité est rapportée à celle de sujet, sujet pour lequel l'objet peut être profitable. Il est utile de préciser que l'appréciation de ce qui est utile variera en fonction de l'imaginaire des uns ou des autres et aussi, bien sûr, selon les époques. Enfin, l'adverbe "seulement" revient à demander si les objets sont exclusivement utiles ou s'ils peuvent avoir une autre utilité.
[...] La cause est ce qui fait que des choses sont. Aristote développe l'idée que toute chose s'explique par quatre causes dans La Métaphysique : une d'elles, la cause finale répond à la question dans quel but cette chose existe ? La cause finale d'une statue humaine par exemple est d'immortaliser un geste. Le lien objet-sujet est tellement fort que pour Moles, pour être considéré comme un objet celui-ci doit être contrôlable par l'individu (Théorie des objets). C'est le lien de projection du sujet vers un objet qui fait être cet objet pour ce sujet, il lui donne un sens dans le monde de ce sujet. [...]
[...] Dans un second lieu, les objets sont principalement inutiles c'est à dire non nécessaires. Les objets ont en effet souvent aucune utilité lorsqu'ils ne sont pas utilisés, exploités par des sujets. Sans sujet, les objets sont foncièrement inutiles car ils ne sont plus le moyen d'accomplir quoi que ce soit : il faut une intervention humaine pour qu'ils servent. Par exemple, le pétrole n'est d'aucune utilité si les humains ne l'utilisent pas pour faire le plein de leur voiture ou encore pour faire de l'électricité. [...]
[...] De plus, les objets naturels, c'est-à-dire non créés par l'homme, indépendants d'eux n'ont souvent aucune utilité en soit. En effet, le but de tout être vivant est de se multiplier et de se répandre mais si les sujets n'interviennent pas dessus on ne pourrait se servir des arbres, des champs pour cultiver et pour se nourrir par exemple. L'intervention des hommes sur leur environnement est nécessaire pour qu'ils puissent l'utiliser et l'asservir en fonction de leurs besoins. Après avoir vu que les objets, naturels ou créés par l'homme n'ont aucune utilité en soi sans intervention humaine de transformation, de modification nous allons étudier les autres objectifs donnés aux objets hormis leur fonction d'utilité. [...]
[...] Enfin, l'adverbe "seulement" revient à demander si les objets sont-ils exclusivement utiles ou s'ils peuvent avoir une autre utilité. Le sujet posé invite à se demander si la fonction exclusive des objets est d'être uniquement utilitaire ou si leur usage pourrait avoir d'autres intérêts que celui-ci comme l'intérêt contemplatif ou encore l'intérêt cathartique suscités par les œuvres d'art. Cette problématique soulève aussi un questionnement autour de la propriété, de l'appartenance des objets aux sujets car le sujet a la possibilité de tirer profit des choses et de les utiliser à sa guise, en fonction de sa volonté et de ses besoins. [...]
[...] Cet axe du service, de l'assistance est flagrant à notre époque, nous sommes dans un environnements d'objets dits "intelligents". Par exemple, l'assistant domestique Google Home permet aux individus d'exécuter des choses, de donner des ordres sans avoir à les faire comme jouer tel morceau de musique ou encore allumer la lumière, mettre un chronomètre, faire du café etc. Malgré tout, on se rend bien compte que ce genre d'objets sont tout sauf intelligents, ils peuvent être pratiques mais plus on les fréquente plus on se rend compte qu'ils sont faillibles. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture