Dans un article de l'Antimanuel de philosophie, Michel Onfray nous parle d'une oeuvre de Marcel Duchamp (1887 - 1968) - une pissotière - et de l'impact que cela a dans le monde artistique. Cette pissotière est un ready-made et se distingue de ses semblables par l'intention de l'artiste à la présenter lors d'une exposition d'art. Qu'on installe cet urinoir dans un lycée ou qu'un artiste le place sur un présentoir dans une salle d'exposition, l'objet reste matériellement le même, mais se charge d'une symbolique différente lorsqu'il est dans une exposition que lorsqu'il se trouve dans des lieux d'aisance (...)
[...] Ces œuvres ont-elles une certaine harmonie ? Les notions qu'elles veulent faire passer auraient-elles pu être présentées autrement ? Selon Onfray, il faut passer ce dégoût et tenter de comprendre. Je partage son avis. Or, des œuvres qui font passer un message sans chercher à le ranger dans un contexte harmonieux, sans qu'il n'y ait une recherche, un travail derrière l'œuvre, derrière sa conception si conception il y derrière le pourquoi de son exposition, n'est pas une œuvre d'art. J'appellerai ça de la propagande, et encore ! [...]
[...] La Beauté primait sur tout et constituait le sens même de l'art. Cependant, la démarche de Duchamp a supprimé la beauté de la définition de l'art pour la préférer au conceptuel, au cérébral, à l'intellectuel mettant ainsi à mort la vision platonicienne qui a traversé vingt-cinq siècles. En effet, Platon, enseignait l'existence d'un monde intelligible entièrement peuplé d'idées pures : le Beau en-soi, le Vrai en-soi . Hors du monde, inatteignables par les effets du temps, hors représentations et incarnations, ces idées n'étaient pas censées avoir besoin du monde réel et sensible pour existe. [...]
[...] Duchamp va bouleverser les principes de l'art. Les conservateurs vont trouver sa démarche révoltante, refusant d'accepter l'exposition d'un objet qui n'a rien de noble, de plus, de mauvaise manufacture, même pas retravaillé et tout juste signé. Les progressistes vont voir dans cette démarche un changement dans la notion d'art, ils veulent en finir avec la vieille façon de peindre, de sculpter et d'exposer en cherchant à imposer l'objet comme une pièce majeure de l'histoire de l'Art. Suite à cela, l'art n'est plus abordé en ayant en tête l'idée de Beau mais plutôt celle du Sens. [...]
[...] J'aime beaucoup la philosophie zen qui explique l'esthétique comme étant une harmonie de ce qui est représenté. Par exemple, une vieille femme qui a longuement vécu et qui porte toute une histoire avec elle cachée sous son visage couvert de rides. Cette image est considérée comme esthétique dans la philosophie zen, car cette vieille femme est harmonieuse dans sa façon de nous rappeler qu'elle a vécu et qu'elle cache en elle une certaine sagesse. Pourtant, une vieille femme n'a rien d'un canon académique. [...]
[...] Onfray Michel, A quel moment une pissotière peut-elle devenir une œuvre d'art ? in : Antimanuel de philosophie, Breal, Paris Tout près, tout fait sans avoir été modifié, travaillé par l'artiste. Attention à ce que je considère comme d'esthétique et de son sens, il s'agit de la philosophie de l'art, qui peut traiter de la beauté mais comme concept et non comme fin en soi, à ne pas confondre avec ce que l'on qualifie de joli par simple goût personnel. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture