L'objectivité (du latin objecere, « jeter ou placer devant ») se définit, au sens ordinaire, comme le caractère de ce qui existe indépendamment de l'esprit humain, de ce qui correspond effectivement à la réalité et constitue le fondement même de l'accord des esprits. En ce sens elle se différencie de la subjectivité (du latin subjecere, « mettre dessous, renfermer dans ») qui n'est que représentation contingente ou passagère de la réalité par un sujet. L'opposition distingue donc ce qui appartient à l'objet, considéré comme une réalité subsistante indépendamment de la connaissance qu'en prend le sujet, de ce qui relève d'un sujet c'est-à-dire d'une pensée réflexive qui s'éprouve elle-même.
L'objectivité représente en épistémologie le caractère de la démarche scientifique en tant qu'elle souhaite s'affranchir de la sensibilité subjective en construisant méthodiquement son objet à partir de l'observation et de l'expérimentation et en tant qu'elle vise l'adhésion de tous les savants puis, en droit au moins, l'assentiment de tous les hommes.
Cependant, le terme de sujet à une autre signification dans notre langage : il peut également représenter l'être autonome et conscient, souverain dans la mesure où il peut affirmer sa liberté et endosser la responsabilité de ses actes, quoi qu'il sache des déterminations naturelles, psychologiques, socio-historiques, politiques, qui constituent sa situation singulière mais ne le conditionnent pourtant pas de manière définitive. A ce titre, dans une phrase, c'est le sujet qui fait l'action déterminée par le verbe. Tout processus de connaissance doit donc s'accompagner d'une réflexion première du sujet connaissant, qui est en même temps la vraie règle de production de la subjectivité, acte et non chose, déterminant les conditions de l'objectivité. La critique du sujet transcendantal kantien, qui reste formel et qui ne s'éprouve pas, pose la question d'un sujet empirique, historique et culturel, qui pourrait constituer les formes de l'objectivité. Cela supposerait l'objectivation indéfinie des formes subjectives à titre de précautions méthodologiques, mais aussi d'outils heuristiques. Le cercle du subjectif à l'objectif demande ainsi à être serré au plus près, sans être définitivement éliminable. Pour réconcilier ces notions nous aurons donc besoin de l'arbitrage d'un tiers, la notion de chose, c'est-à-dire de tout ce qui a une existence individuelle et concrète, toute réalité de n'importe quel ordre, afin de déterminer la manière d'articuler l'objet et le sujet qui permette de reconnaître la vérité de la chose.
[...] Ce n'est pas le but atteint qui définit la vérité, mais l'acte de la rechercher et de tendre vers elle. Il y a de la différence entre la vérité et les vérités ; cette différence se reconnaît surtout à la détermination d'être, ou encore à la distinction entre le chemin et l'aboutissement final et décisif, le résultat Cependant, il n'est nullement dit que le résultat soit indifférent, mais il n'a de sens et ici encore d'intérêt qu'en tant qu'il est référé à l'acte de subjectivité qui l'atteint. [...]
[...] Cette affaire en tant qu'éthique est pour Kierkegaard la seule réalité effective ; que ce soit la réalité effective propre à l'homme, c'est la seule chose qu'il sache. N'est vrai que le subjectif qui ne fait point abstraction de son existence dès qu'il la pense. Celui qui se tient dans l'instant où de façon immédiate se coupent l'infini et le fini. Bref, l'homme réellement effectif est lui-même le saut, il est la contradiction qui marque le pas, il est le penseur subjectif, non-objectif. [...]
[...] Or, ce repli de l'esprit de système dans l'ordre d'une éternité et d'une nécessité en vérité illusoires a pour effet de rendre l'existence même du penseur extérieure à la pensée. Le penseur extérieur, ou objectif correspond alors pour Kierkegaard à ce qu'on nomme aujourd'hui un chrétien Il représente l'être pour-soi de Hegel. Mais comme le penseur abstrait est toujours lui-même une existence concrète, contingente et irréductiblement singulière de la conscience avec ses contradictions, ses déchirements, avec ses responsabilités, il devient une figure comique s'il ne veut pas reconnaître ce fondement de son existence et de sa pensée : lui-même et sa pensée deviennent des fantômes. [...]
[...] Tout processus de connaissance doit donc s'accompagner d'une réflexion première du sujet connaissant, qui est en même temps la vraie règle de production de la subjectivité, acte et non chose, déterminant les conditions de l'objectivité. La critique du sujet transcendantal kantien, qui reste formel et qui ne s'éprouve pas, pose la question d'un sujet empirique, historique et culturel, qui pourrait constituer les formes de l'objectivité. Cela supposerait l'objectivation indéfinie des formes subjectives à titre de précautions méthodologiques, mais aussi d'outils heuristiques. Le cercle du subjectif à l'objectif demande ainsi à être serré au plus près, sans être définitivement éliminable. [...]
[...] Hegel, La phénoménologie de l'esprit ici, le sujet qui se pense lui-même et pense le monde se confond avec la substance du monde c-à.d, dont sa réalité ne s'est pas encore révélée Hegel, Encyclopédie des sciences philosophiques, Tome III : Science de la logique Kierkegaard, Post-scriptum aux miettes philosophiques Kierkegaard, Les miettes philosophiques Jean cité par Kierkegaard dans L'école du Christianisme Kierkegaard, L'école du Christianisme Heidegger, Lettre sur l'humanisme Nietzsche, Par delà le bien et le mal M.Foucault, Les Mots et les choses Derrida, Après le sujet, qui vient ? Lacan, cité par Ogilvie dans : Lacan. Le sujet Ogilvie, op.cit. [...]
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