L'obéissance au devoir implique-t-elle que l'on résiste à ce qui, en soi-même, invite à d'autres conduites? Il existe pourtant des conceptions traditionnelles de la morale qui, d'une façon ou d'une autre, "flattent" les intérêts du sujet, ou lui demandent de ne résister à certaines de ses tendances que pour obtenir ensuite un plaisir ou un bien-être beaucoup plus important.
Mais de telles conceptions paraissent ne pas comprendre le devoir dans son sens le plus exigeant. Lorsque celui-ci devient central, il semble bien que lui obéir oblige à lutter contre les penchants plus immédiatement séduisants. Cela ne signifie pas, cependant, que ces penchants représentent la totalité de "soi-même": il s'agit alors d'obéir à ce qui peut être, dans ce dernier, le plus noble.
[...] Mais, ce faisant, il est aussi législateur pour toute l'humanité, ce qui suppose que la raison soit la même chez tous, et c'est bien ce qu'affirme Kant. De la sorte, la loi correspond à sa définition: elle est universelle, et, lui obéissant, le sujet confirme simultanément que l'humanité est unifiée (ou peut du moins le devenir), et qu'il lui appartient. En accomplissant ce qu'exige le devoir, il résiste à ses penchants égoïstes et il admet implicitement que tout autre, dans sa situation, devrait agir de même. [...]
[...] Cela permet toutefois d'espérer une satisfaction ultérieure, dont les qualités compensant tous les sacrifices consentis: entre les biens terrestres et un bonheur éternel, le fidèle ne peut hésiter longtemps. Et le paradis, quelle qu'en soit la conception, mérite amplement qu'on résiste, ici-bas, à quelques tentations ou satisfactions immédiates. Résister à ses penchants, à sa part mauvaise, c'est se priver de bien peu dès lors que l'on obtient ainsi le bonheur éternel; en un sens, une telle fin justifie bien les moyens imposés. C'est lorsqu'il s'agit d'obéir au devoir pur qu'il faut résister. [...]
[...] Si l'obéissance au devoir est en un sens une résistance à soi-même, elle est en un sens complémentaire acquiescement à un autre aspect de soi-même et c'est par celui-ci que l'être humain, confirmant son souci de l'universel, acquiert sa plus haute dignité. Si cet accès à sa propre noblesse n'impliquait pas de victoire sur des tendances adverses, il perdrait sa valeur, et la morale elle-même se réduirait à une suite de comportements déterminés qui ne mériteraient pas d'être particulièrement distingués. [...]
[...] L'obéissance au devoir est-elle résistance à soi-même? L'obéissance au devoir implique-t-elle que l'on résiste à ce qui, en soi même, invite à d'autres conduites? Il existe pourtant des conceptions traditionnelles de la morale qui, d'une façon ou d'une autre, "flattent" les intérêts du sujet, ou lui demandent de ne résister à certaines de ses tendances que pour obtenir ensuite un plaisir ou un bien-être beaucoup plus important. Mais de telles conceptions paraissent ne pas comprendre le devoir dans son sens le plus exigeant. [...]
[...] Aussi Kant distingue-t-il le comportement simplement conforme au devoir de celui accompli par devoir: seul le second est moral. C'est donc le devoir qui devient central, c'est-à-dire ce qui est à faire, car non immédiatement donné. Et dans sa forme la plus pure, il se manifeste par un impératif catégorique: il faut obéir au devoir, non pour gagner quoi que ce soit, mais par simple respect pour la loi qui appelle à obéir. Ensuite, le devoir contredit les intérêts égoïstes. Le devoir ainsi compris vient contredire les penchants immédiats. [...]
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