Dissertation sur l'acte de l'obéissance.
[...] Est-il juste de désobéir ? En tant que citoyens, nous sommes encadrés par des lois, elles mêmes contrôlées, corrigées par l'Etat et établies universellement en faveur du respect de soi même et des autres. Il nous arrive parfois de nous rendre compte nous-mêmes que nous sommes amenés à désobéir à ces lois. Refuser d'adhérer à une règle, une loi, car elle ne nous semble pas dotée d'une réelle légitimité ; montrer son désaccord total ou partiel envers un certain ordre, ordre des choses, qui ne nous conviendrait pas à cause de son caractère trop bouleversant à l'égard de la vie elle-même et de son quotidien car notre existence pourrait alors être confrontée à l'organisation quotidienne, dont cet ordre à la responsabilité ; rompre complètement avec ce que l'on est, ce que l'on représente, en se dirigeant vers le droit humain, naturellement supérieur aux droits qui régissent les lois artificielles. [...]
[...] On ne pourrait donc pas, toujours selon Rousseau, nommer loi '', une décision prise par un seul homme, même si celui-ci est parvenu au pouvoir, car il ne s'agirait pas de l'expression de la volonté générale. Le schéma de la République idéale se résumerait ici au rapport d'égalité entre l'autorité et le peuple, puisque les citoyens vivraient alors en l'absence théorique de désobéissance. C'est justement ce que Marx dénonce dans sa Critique du programme de Gotha (1875). Le droit bourgeois est prétendument égal, c'est-à-dire qu'il prône l'égalité entre tous les hommes, il prétend traiter chacun de la même manière, comme si l'on avait tous les mêmes besoins. [...]
[...] Désobéir apparaîtrait donc comme un sens nouveau, en tant que dans l'ordre des choses, nous appartiendrions à l'ordre suprême, et c'est cet ordre, en tant que suprématie, c'est-à-dire en tant que nous appartenons à une sorte d'élite , qui nous permettrait de voir en l'homme, non pas un être capable de désobéir , mais un être capable d'user de sa propre raison, afin de savoir ce qui est bon ou pas , ou ce qu'il importe de faire ou de ne pas faire à un moment précis. Ainsi, l'homme a su se révolter contre sa gouvernance durant la seconde guerre mondiale, même si celle si se constituait en tant qu'autorité suprême, pour choisir la voix de la justice, en voulant libérer les camps de concentration. La désobéissance pourrait donc être positive puisqu'elle apporterait un ordre nouveau , plus juste pour qui désire ne pas se satisfaire de ce que l'on nous dit. [...]
[...] Il faudrait pour cela, voir mieux en quoi cela consiste. Comme Hobbes, il est possible d'opérer une sorte de division dans laquelle la nature nous offrirait deux grands principes, c'est-à-dire que le fait de disposer de soi comme on l'entend invite la liberté à venir se mettre dans une loi, la loi de la nature, appelée lex naturalis, qui est ce qui nous détermine à faire une chose ou à s'en abstenir. Là, il faudrait voir en cette liberté, un moyen de disposer du pouvoir qui nous est propre, en tant qu'être doué de moyens de jugements. [...]
[...] En d'autres termes, le fait même de vouloir désobéir à une loi ne pourrait être concevable puisque la loi et le peuple formeraient comme un tout où l'un ne pourrait évoluer sans l'autre. La République que formerait cette union entre la loi et le peuple pourrait donc s'opposer au fait même qu'il ne s'agisse pas de la décision d'un seul homme, comme c'est le cas dans une dictature, mais de la décision d'un ensemble d'individus, résultant de la volonté du peuple. [...]
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