Thème : le rapport entre le désir et le bonheur
Thèse : contre le sens commun, qui soutient de façon naïve que le bonheur réside dans la satisfaction du désir, Rousseau affirme qu'il se trouve dans le fait même de désirer.
Fondement de la thèse (base de l'argumentation de Rousseau) : une certaine conception de la nature humaine ainsi que du rapport que l'homme entretient avec la réalité (...)
[...] Texte de Rousseau : Nouvelle Héloïse, 6ème partie, Lettre VIII (1761) Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux. En effet, l'homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. [...]
[...] Or, le bonheur se trouve, selon Rousseau, dans le fait d'enchanter ainsi l'objet ce que nous pouvons faire grâce à notre imagination (qui nous s illusionne)) Rousseau fait donc l'apologie d'un désir qui donne son prix à toutes choses, enchante la vie et fait le bonheur de l'existence. Cependant, tout cela se fait au prix d'un illusionnement. Structure logique du texte : Rousseau part de deux affirmations paradoxales, en tant qu'elles contredisent le point de vue du sens commun. 1er paradoxe : pour le sens commun, le désir est manque et sa satisfaction est un GAIN, puisqu'elle permet de combler le manque. Or, Rousseau renverse le point de vue du sens commun et affirme que la satisfaction est une PERTE. [...]
[...] Rousseau fait ici l'apologie des Don Quichotte, de ceux qui construisent des châteaux en Espagne et même, au final, de la folie. Car on peut effectivement définir le fou comme celui qui se détourne du réel pour se réfugier dans l'imaginaire, celui qui préfère les chimères à la réalité. Or, s'il est vrai que la jouissance imaginaire est réelle, qu'on prend réellement du plaisir à s'imaginer ceci ou cela lorsque cela satisfait notre désir, un tel plaisir n'a pas l'intensité de celui qu'on éprouve dans le réel. [...]
[...] L'individu qui désire assiste au découplage entre l'objet fantasmé et l'objet réel qui ne possède pas les qualités que son imagination, sous l'impulsion du désir, lui avait données : Tout ce prestige disparaît devant l'objet lui-même écrit Rousseau. Ainsi dépouillé de ce qui nous le faisait désirer, l'objet réel nous déçoit. Et plus encore s'il a permis au désir de se satisfaire. Car, dans ce cas-là, l'imagination n'a plus la force (ou ne se donne plus la force de) d''apprêter l'objet des atours qui le rendaient désirable. L'imagination a perdu son pouvoir illusionniste. C'est pourquoi l'illusion cesse où commence la jouissance Privé des prestiges de l'imaginaire, l'objet possédé perd de son charme. [...]
[...] Or, Rousseau refuse de le voir ainsi. Plutôt qu'une demande, il est fuite. [...]
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