M. Leiris, St Augustin et Lorenzaccio essayent à leur façon de résoudre l'énigme de leur moi. Ils cherchent entre autres à regrouper les différentes caractéristiques qui font d'eux un être unique, trouver une adéquation entre leur moi-objet, agissant, et leur je-sujet et ainsi unifier leur moi. Selon Michel Cioran, « Tout ce qui nous gêne nous permet de nous définir. Sans infirmités, point de conscience de soi. »
Ce qui nous gêne, c'est ce qui nous met dans une situation embarrassante, difficile, ou s'exerce une contrainte et qui, d'après Cioran, nous aide à nous définir, c'est à dire à chercher ce qui constitue notre être en propre (cela comprend non pas tout ce qu'est quelque chose, mais tout ce qu'elle ne peut pas ne pas être) (...)
[...] Il en résulte une impossibilité de se définir. Ainsi, si l'on se préoccupe trop de ses infirmités et de ce qui nous gène, est-ce que cela ne devient pas justement un danger en ce qui concerne la connaissance de notre moi ? La souffrance qui accompagne la découverte de nos infirmité, cette gêne, (comme le mentionne La Rochefoucauld, la douleur de connaître nos imperfections peut conduire à une haine destructrice du soi. La mise en valeur de nos défauts conduit à une déformation de la vérité. [...]
[...] La formulation de nos gênes, de nos défauts, nous permet d'évacuer ce qu'ils peuvent avoir d'intolérables. Ainsi, les imperfections obligent à un retour sur soi par l'obstacle qu'elles constituent. Mais il y a risque de devenir omnubilé par nos défauts et ceux-ci deviennent non plus indispensable à la connaissance de notre moi, mais danger pour celle-ci. C'est donc la manière dont chacun va chercher à dépasser ses imperfections qui va donc le caractériser en tant qu'individu singulier. Et plus précisément, c'est l' essai de résolution de ses souffrances par l'acte d'écrire qui permet à chacun de se définir. [...]
[...] Les infirmités, parce qu'elles nous gênent, nous permettent de nous faire prendre conscience de nous-mêmes et de nous définir. Tout d'abord, nos imperfections nous conduisent à une prise de conscience de nous-même par la confrontation avec autrui qu'elles impliquent. En effet, il semble que les infirmités n'existent que parce qu'autrui existe. Ce n'est que grâce à une référence que je peux nommer quelque chose infirmité Ainsi, un monde solipsiste n'est pas envisageable. L'autre me propose une lecture de mon moi, aussi parcellaire et photographique qu'elle puisse être. [...]
[...] Lorenzo se compare à Brutus, Leiris fait appel à des figures mythologiques. En donnant une dimension esthétique à ses obsessions, il cherche à se mettre à distance de soi pour tenter de restituer avec rigueur son apparence. Et c'est tout particulièrement par une mise à distance via l'acte d'écrire que l'homme exprime ses faiblesses. Ainsi, l'écriture a un rôle cathartique, elle permet la libération des affects négatifs Ce rôle est très bien illustré dans les 3 œuvres, de par leur dimension autobiographique. [...]
[...] Michel Leiris considère l'acte d'écrire comme un moyen privilégié de la connaissance du moi. Dans son autobiographie, il essaye d'établir une certaine distance entre son moi et le moi qu'il dépeint. Il pense la littérature sur le modèle d'une cure analytique. Dans la préface, il note : recherche d'une plénitude vitale, qui ne saurait s'obtenir avant une catharsis, une liquidation, dont l'activité littéraire - et particulièrement la littérature dite de confession apparaît comme l'un des plus commodes instruments Par son travail sur le signifiant, il recherche une vérité esthétique, une vérité du déguisement de ses obsessions, qui le conduiront à une meilleure connaissance de son moi. [...]
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