Notre rapport au monde est-il essentiellement technique ? - publié le 05/09/2023

Thèmes abordés

Rapport au monde, technique, notions d'art, vie quotidienne, être humain, utilitariste, Platon, Aristote, considérations sociales, philosophe, sentiments, émotions, réflexion

Résumé du document

Lorsqu'on évoque la technique, on pense en premier lieu à la notion de teknè introduite par Aristote et qu'il lie aux notions d'art et de métier. En effet, dans ce cadre, la technique regroupe les procédés de travail ou de production qui supposent un savoir-faire ; elle désigne également les applications qui relèvent de la science, qu'elles soient industrielles ou qu'elles touchent à la vie quotidienne. Le monde, quant à lui, peut être considéré du point de vue de ce qui existe, du point de vue de la perception sensorielle de l'homme ou de manière plus prosaïque, être assimilé à la planète Terre. La notion de rapport peut indiquer une analogie ou une relation ; elle renvoie in fine à notre manière de nous rapporter au monde. La question de l'essentialité, enfin, peut être comprise dans le sens de « principalement » ou « avant tout ».

Extraits

[...] I - Notre rapport au monde est essentiellement technique De prime abord, notre rapport au monde est essentiellement technique. En effet, il l'est car l'utilisation de la technique a toujours constitué une source de survie pour l'homme et parce que l'homme est par définition un homo faber, au sens de Bergson, ces deux considérations le conduisant à penser le monde de manière utilitariste. Sans la technique, point de salut pour l'homme Dans le Protagoras de Platon, l'auteur affirme au travers du vol de l'intelligence pratique et du feu par Prométhée, que la technique est supranaturelle. [...]

[...] Le rapport au monde, au-delà de ces considérations esthétiques et artistiques, est également gouverné par les sens. Au-delà de ces considérations plaçant notre rapport au monde comme à la fois contingent et distancié par rapport à la technique, il convient, pour aller plus avant, d'envisager la technique autrement que comme une finalité, pour en saisir toutes les dimensions. III - La technique peut être envisagée autrement que comme une fin La technique comme moyen et non comme fin Un rapport au monde essentiellement fondé sur la technique relèverait d'une technophilie exacerbée et certains aspects de notre vie contemporaine abondent dans ce sens. [...]

[...] Un rapport à soi et au monde fondé sur la réflexion Dans la hiérarchie des besoins qu'établit Aristote, il indique que c'est lorsque les hommes ont réussi à satisfaire l'ensemble de leurs besoins qu'ils peuvent se consacrer à leur véritable objectif, la science. Ainsi, Aristote arrive à la conclusion qui peut paraître paradoxale que si nous sommes des êtres techniques, c'est fondamentalement pour que notre rapport au monde ne soit pas seulement technique. Selon ses propres termes, la praxis ne peut être que parce qu'elle s'appuie sur la poiesis. C'est donc, pour lui, la connaissance et la réflexion qui constituent une fin et non la technique. [...]

[...] Notre rapport au monde est-il essentiellement technique ? Au moment où des géants comme Google évoquent la réalité d'un homme augmenté avant la fin du XXI[ème] siècle et où une grande part des êtres humains vivent leurs loisirs (smartphones, divertissements, etc.) et leur travail au travers de la technique, il semble légitime d'interroger notre rapport technique au monde, en questionnant son caractère essentiel. Lorsqu'on évoque la technique, on pense en premier lieu à la notion de teknè introduite par Aristote et qu'il lie aux notions d'art et de métier. [...]

[...] Un rapport esthétique et sensoriel au monde Pour Kant, le beau est le symbole du bien ; il y a donc des ponts à faire entre la vision morale et la vision esthétique du rapport de l'homme au monde. Dans cette dernière optique, précisément, le rapport au monde est non technique car le propre de l'artiste est de faire apparaître les choses en dehors de toute considération utilitariste. C'est ce qu'affirme Schopenhauer lorsqu'il écrit que « l'art est contemplation des choses, indépendante du principe de raison ». [...]