Habituellement considérée comme une personne rendue responsable de toutes les fautes, la notion de bouc émissaire a cependant beaucoup évolué. Mais alors que pour René Girard, le sacrifice du bouc émissaire fonde la société et évite la violence, ces sacrifices peuvent avoir des effets très mobilisateurs sur les foules et engendrer des mouvements violents. Ainsi, si le sacrifice du bouc émissaire peut être considéré comme régulateur du lien social ou invoqué comme tel lorsqu'il est pratiqué, même aujourd'hui, il a en fait recouvré une pluralité de formes dans l'histoire, pouvant même générer la violence au lieu de la réguler.
[...] *son rôle à jouer Ensuite, le bouc émissaire agit comme transfert de la faute. Tout le monde sait que le porteur de la faute est innocent, c'est pour cela qu'on le charge de toutes les fautes des autres. Ce sacrifice est symbolisé par un consensus socioculturel : l'innocence de la victime de transfert. C'est ce qui se réalisait comme le relate la Bible lorsque le peuple d'Israël chargeait un bouc des fautes commises par le peuple de Dieu et l'envoyait (il devient donc émissaire) ensuite par le désert pour qu'il emporte avec lui sur une terre inhabitée les méfaits d'Israël. [...]
[...] Or, il a fallu trancher, dans les deux sens du mot : distinguer les fonctions et couper des têtes. Car, si l'on veut éviter que chacun ne devienne l'ennemi de chacun à force de lui ressembler, il faut identifier un adversaire et le supprimer réellement ou symboliquement. Le sacré apparaît avec le sacrifice, qui est l'expulsion rituelle de l'ennemi grâce à laquelle le pacte social menacé se renouvellera. En effet, mieux vaut désigner la haine publique un bouc émissaire que de risquer une guerre. [...]
[...] A la fureur mimétique succède la charité évangélique, ne pouvant plus nous sacrifier : nous sommes obligés d'aimer. Les évangiles gravitent autour de la passion comme toutes les religions du monde, mais la victime rejette toutes les illusions persécutrices, refuse le cycle de la violence et du sacré. Les Evangiles remplacent le bouc émissaire par l'agneau de Dieu, d'où la substitution d'une victime à toutes les autres, en remplaçant les connotations répugnantes du bouc par celles, toutes positives, de l'agneau, qui induisent l'innocence de cette victime. Le bouc émissaire devient agneau de Dieu. [...]
[...] Le besoin de trouver un bouc émissaire, de purger le mal dont il est porteur à travers son élimination, peut résider dans des : -Causes internes : sécheresse, inondations, famines -Causes externes : troubles politiques ou conflits religieux Les persécuteurs finissent toujours par se convaincre qu'un petit nombre d'individus (ou même un seul) peut se rendre très nuisible à la société, en dépit de sa faiblesse relative, leur sacrifices qui mobilisent les foules sont également très violents. Trouver un coupable au mal de la société Les exemples historiques de ce type de sacrifice sont très nombreux. *Pour des raisons morales : René Girard rappelle ainsi le Mythe d'Œdipe : Œdipe est chassé de Thèbes en tant que responsable du fléau qui s'abat sur la ville. [...]
[...] Pourtant, dans l'histoire, la notion de bouc émissaire a beaucoup évoluée. Pour René Girard, le sacrifice du bouc émissaire fonde la société et évite la violence. Pourtant, ces sacrifices peuvent avoir des effets très mobilisateurs sur les foules et engendrer des mouvements violents. Ainsi, si le sacrifice du bouc émissaire peut être considéré comme régulateur du lien social ou invoqué comme tel lorsqu'il est pratiqué, même aujourd'hui, il a en fait recouvré une pluralité de formes dans l'histoire, pouvant même générer la violence au lieu de la réguler. [...]
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