Le divorce fracassant qui intervint entre les deux hommes après sept ans d'amitié paraît à première vue incompréhensible : comment ces deux artistes qui se rejoignaient sur tant de choses et dont l'amitié semblait indéfectible en sont-ils venus à incarner deux positions antagonistes ? Comment Nietzsche qui voyait dans le compositeur l'Eschyle des temps modernes, le héraut d'une renaissance de la tragédie, a-t-il pu finalement le condamner comme un artiste de la décadence européenne, une maladie dont il faut se prémunir ?
En vérité, la séparation intervint très lentement, éloignant un peu plus les deux hommes à chaque étape : Bayreuth marqua le commencement du déclin et Parsifal scella leur séparation. Il est à noter que, lors de leur rencontre, en 1868, Nietzsche était très jeune, il n'avait que 24 ans alors que Wagner en avait déjà 55.
[...] Bien sûr, Nietzsche a changé, et Wagner aussi. Wagner s'est enfermé selon Nietzsche dans la grande imposture de la transcendance et de l'au-delà À force de tyranniser la musique par l'Idée, il est presque devenu le meilleur émule de Hegel. Rien de comparable ici à l'évolution nietzschéenne qui le porte vers la découverte du rythme vivant de l'univers ou Volonté de puissance. Pourtant, Nietzsche ne reniera pas le “premier Wagner”, celui dont l'amitié fut un appui et la musique une inspiration. [...]
[...] Nietzsche l'affirme : faut méditerraniser la musique” pour se sauver de Wagner. Et pourtant, au plus fort de sa critique, alors qu'il dit ne plus rien reconnaître de sa philosophie chez le compositeur, Nietzsche dira encore comprends parfaitement qu'un musicien d'aujourd'hui nous dise : Je hais Wagner, mais je ne puis plus supporter d'autre musique . Voilà qui résume tout le drame et la mélancolie d'une rupture qui ne sera jamais totale. II Une rupture imparfaite Nietzsche se sépara de Wagner pour beaucoup de motifs - des motifs philosophiques, certes, mais qui tenaient certainement aussi beaucoup à l'ego des deux hommes ou peut-être même à l'amour que Nietzsche portait à Cosima Wagner que l'on devine dans ses textes mais qu'il n'avouera qu'au plus profond de sa folie. [...]
[...] Survient un chevalier en armure, à qui Gurnemanz signale l'inconvenance de sa tenue le Vendredi saint. C'est Parsifal qui revient après une longue errance. Le vieux chevalier et la séductrice repentie procèdent à l'onction du successeur manifeste d'Amfortas (Kundry lui lave les pieds et les essuie avec ses propres cheveux - Marie-Madeleine), qui baptise à son tour Kundry. Conduit aux chevaliers découragés qui veillent Titurel mort et aspirent à voir le Graal, il guérit Amfortas par la Lance et fait renaître la ferveur en célébrant l'office. [...]
[...] “Vive Cagliostro ! écrit Nietzsche alors que Parsifal triomphe, le vieil enchanteur a retrouvé un prodigieux succès ; les vieux messieurs sanglotaient . (Cagliostro - escroc se faisant passer pour hypnotiseur et Nietzsche ne cesse de critiquer son recours à la mélodie infinie (fin du découpage classique entre airs et récitatifs qui nuisait à la continuité de l'action dramatique) qui noie sous un flot de musique, perdant tout esprit de danse et fatiguant l'auditeur au point qu'il se laisse submerger, hypnotiser). [...]
[...] ACTE II : Le jeune homme approche du château de Klingsor qui, face à cette menace, force Kundry à le servir encore une fois. Le garçon terrasse les chevaliers et résiste à la sensualité des filles fleurs. Survient Kundry : elle le nomme Parsifal et, lui racontant son passé, essaie la tendresse maternelle. Bouleversé, il se laisse embrasser, mais le motif de la douleur d'Amfortas résonne à l'orchestre et il accède d'un coup à la connaissance et à la compassion. [...]
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