Nietzche, philosophie du soupçon, conception du sujet, conscience, connaissance de soi, Emmanuel Kant, critique de la raison, croyance morale, illusion, herméneutique, Critique de la raison pure, concept de causalité, loi morale, raison
La philosophie de Nietzsche se qualifie de philosophie du soupçon en ce que son oeuvre philosophique vise à déconstruire la conception du sujet pouvant connaître et se connaître, et ainsi, accéder au vrai. La tradition du sujet connaissant commence avec le sujet cartésien, conscient de lui-même et parvenant à la connaissance de lui-même grâce à cette conscience qui lui donnerait une porte d'accès à la connaissance véritable. Dans cette tradition Kant a voulu refonder la connaissance en la légitimant, il amorce alors une critique de la raison qui vise à reconsidérer son pouvoir, et poser ainsi des fondements solides sur lesquels élaborer la connaissance.
[...] Pour conclure, le soupçon dévoile les failles de la conception d'un sujet conscient pouvant accéder au vrai. Il reprend l'idée de la critique kantienne qui amorce une critique du pouvoir de la raison. Seulement il ne rétablit pas la connaissance comme Kant prétend le faire. Il en résulte une impossibilité d'accéder au vrai, car nous avons seulement des représentations du réel et non pas une connaissance. De plus le soupçon montre en quoi ce que nous pensons être une connaissance objective relève en fait des croyances morales, des valeurs. [...]
[...] Le soupçon nietzschéen : la déconstruction du sujet kantien et le dévoilement de l'illusion de la connaissance Les limites de la critique kantienne Kant prétend fonder la connaissance objective par le moyen d'une critique qui relève de l'autoréférence, c'est-à-dire que la raison va se juger elle-même pour déterminer l'étendue de son pouvoir. Pour qu'une connaissance objective soit possible, la raison s'interroge sur ses propres limites et sur les fondements d'une telle connaissance. Le point de départ de la critique est le fait de la science : l'existence des mathématiques et de la physique. La science est posée comme un fait, il faut donc chercher ses conditions de possibilité, pour la fonder. [...]
[...] Dès lors le soupçon ouvre la voie à une herméneutique. Tout est question désormais d'interprétations du réel. L'existence du réel n'est pas remise en cause en ce qu'il a quelque chose qui apparaît, mais c'est la connaissance objective de ce quelque chose qui est balayé. En effet il n'y a plus que des représentations du réel . [...]
[...] Mais ensuite ces valeurs construisent des systèmes moraux, et celles-ci sont adoptées traditionnellement uniquement parce qu'elles sont considérées morales : Toutes les actions se rattachent à des appréciations de valeur, toutes les appréciations de valeur sont soit personnelles, soit acquises ( . ) Mais l'appréciation de valeur que nous portons sur autrui et qui nous pousse à adopter dans la plupart des cas son appréciation de valeur doit au moins provenir de nous, constituer notre décision propre ? Oui, mais nous la formons dans notre enfance ( . ) nous sommes généralement ( . ) les dupes des jugements acquis étant enfant, par la façon dont nous jugeons notre prochain ( . [...]
[...] L'homme est un être de valeurs et non de connaissance. Il apparaît de cette manière une déconstruction du sujet kantien pouvant connaître et se connaître, et pouvant accéder à une maîtrise du monde et de lui-même par l'usage de la raison. Avec le soupçon le sujet est délivré de cette illusion, désormais le rôle considérable que jouent les valeurs dans la détermination des individus est mis en lumière, ce qui remet en question la transparence du sujet. Outre à montrer que les certitudes découlent des croyances morales, et le vrai et le bien n'existant pas, que les valeurs sont uniquement des constructions humaines, le soupçon dénonce aussi l'immoralité de la morale. [...]
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