La pensée constitue, avec le langage articulé, ce qui distingue le plus fondamentalement les hommes des animaux, mais pas plus que dans la langue ordinaire, le mot pensée ne renvoie chez les philosophes à un sens constant et unique. La pensée peut pratiquement se confondre avec la conscience, chez Descartes notamment ("Je pense donc je suis" : la connaissance qu'a l'homme de ses pensées, sentiments et actes) (...)
[...] En conclusion, Nietzsche remet en question la légitimité de l'expression je pense une pensée venant quant elle veut et non pas quand je veux. On peut donc alors supposer que quelque chose pense, mais rien ne semble permettre de l'affirmer, donc de par sa spontanéité et son absence de maîtrise, on ne peut pas donner de sujet au verbe penser. Je ne suis donc peut-être qu'un reflet, écho de ce qui pense autour de moi, ne contrôlant pas mes propres pensées. [...]
[...] A l'aide de la coordination mais Nietzsche oppose donc deux sujets : quelque chose et je pour l'action de penser car il ne s'agirait que d'une conjecture. Néanmoins, à cette affirmation, Nietzsche en oppose, ajoute une autre, nuancée grâce à l'adverbe enfin : si quelque chose pense, rien ne montre qu'il s'agit de ce quelque chose qui pense, donc si je ne suis pas le sujet de cette pensée, il ne faut pas nécessairement en chercher un auteur défini, ceci constituant alors une illusion grammaticale, une interprétation du processus de la pensée, et non sa réalité (passage d'un sujet grammatical à un sujet réel). [...]
[...] Nous sommes ici prisonniers de la langue, car on ne peut écrire sans supposer un moi ou un je ou il s'agit d'une représentation de ce qui n'est pas. L'homme est donc selon Nietzsche conditionné par un déterminisme d'ordre psychique, social ou naturel et surtout linguistique : alors que je crois penser, c'est mon corps qui pense à travers moi, ça pense en moi. La vie intérieure, la pensée, échapperait donc à l'homme : le ça pense (l'inconscient dans la deuxième topique de Freud) en moi (en partie conscient, e partie inconscient, l'unité de la personnalité dans la deuxième topique), et même, selon Nietzsche, on doit admettre que l'acte de penser ne possède pas de sujet. [...]
[...] C'est par un raisonnement analogue que l'atomisme ancien plaçait à l'origine de la force agissante la parcelle de matière où réside cette force et à partir de laquelle elle agit, l'atome ; des esprits plus rigoureux ont fini par apprendre à se passer de ce dernier résidu terrestre et peut-être arrivera-t-on un jour, même chez les logiciens, à se passer de ce petit «quelque chose», résidu qu'a laissé en s'évaporant le brave vieux moi». La pensée constitue, avec le langage articulé, ce qui distingue le plus fondamentalement les hommes des animaux, mais pas plus que dans la langue ordinaire, le mot pensée ne renvoie chez les philosophes à un sens constant et unique. La pensée peut pratiquement se confondre avec la conscience, chez Descartes notamment pense donc je suis : la connaissance qu'a l'homme de ses pensées, sentiments et actes). [...]
[...] En effet, la science ne recourt plus à l'atome comme support des forces grâce auquel il agit et l'étude scientifique ne s'appuie plus sur cette substance comme support des forces, il affirme donc qu'il faut envisager une pensée sans sujet. Dans un second temps, nous pouvons exploiter la thèse de l'auteur afin d'en observer la concrétisation. Nietzsche soutient donc que, puisque les pensées peuvent apparaître sans volonté de notre part, l'affirmation je pense n'est pas le véritable auteur de ce que je fais ou dis, et l'on doit alors concevoir la pensée sans sujet. Ce n'est donc, selon Nietzsche, ni quelque chose qui pense, ni moi qui pense. [...]
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