Sartre, néantisation, liberté, création, expérience, conscience, devoir
Lorsque l'on pense au verbe « anéantir » qui signifie réduire à néant ou encore le substantif « fainéant » formé du verbe « faire » et de « néant » qui signifie ne rien faire, être paresseux, le néant apparaît à toute évidence, puisqu'il traduit l'idée de rien, comme une réduction absolue ou un chaos, comme l'absence de toute chose. En philosophie métaphysique, le néant, du latin "non ens" : « non-étant », « non-être » est de la même façon défini comme un concept d'absence absolue, de nullité absolue, une absence d'existence et de matière. Autrement dit, ce qui n'a pas d'être ou ce qui est à l'origine de toute négation. Les mots « rien » et « néant », s'ils sont proches, ne sont pas synonymes. Le rien dérive du latin « res » qui signifie la chose et derrière l'idée de rien se trouve toujours une substantialité : on dit « ça m'a pris un rien de temps », on parle d'un « petit rien », alors que le mot néant évoque toujours l'idée d'une soustraction, d'une négation complète de l'être, ce qui rend impossible de chosifier le néant.
[...] À ça stade, nous pouvons établir plusieurs hypothèses : - D'une part, si le néant est l'absence de toute chose, qu'il n'existe pas, il paraît difficile qu'il puisse générer quoi que ce soit, changer ou évoluer. - Pourtant, si le néant, il a bien fallu qu'il devienne quelque chose, qu'il mute pour faire surgir l'être. Cela suppose donc que le néant est capable de cesser d'être. Il pourrait donc être envisagé comme un point de transition, un point de passage de l'absence de toute chose à l'existence d'une première chose. [...]
[...] (L'angoisse à ne pas confondre avec l'anxiété, la phobie, n'aurait pour H aucun objeion », il fait du néant quelque chose de découvrable dans une certaine expérience. Cette du néant st, on est angoissé par rien de concret et en cela, le néant angoisse et ouvre à l'expérience). Dans ce néant (« fuite de l'étant »), il y a un « plus aucun » qui s 'empare de nous. Ce Néant ainsi, ne consiste pas dans un anéantissement de l'être, au contraire, il va permettre de dévoiler l'être, de le générer. [...]
[...] Les hommes se dupent eux-mêmes, disant chercher le repos quand ils cherchent l'agitation. Ce n'est pas la prise qui compte à la chasse, mais la poursuite. «Nous ne cherchons jamais les choses, mais la recherche des choses» (id.). En voici la raison. L'homme est un vide infini que l'Infini seul pourrait combler. Le repos est bien notre fin, mais nous le cherchons là ou? nous ne pourrons jamais le trouver: dans les biens terrestres. [...]
[...] Le problème qui se pose : dès que nous tentons d'imaginer le néant nous lui attribuons des propriétés, nous en formons une représentation, nous en faisons irrévocablement quelque chose qui ne saurait être puisque le non être est l'absence absolue. Autrement dit, nous ne parvenons à penser l'absence de toute chose qu'en faisant surgir quelque chose de la pensée : penser le néant, l'imaginer, le dire c'est toujours l'anéantir puisque c'est le représenter d'une manière ou d'une autre par une analogie avec l'être. Le néant devenu objet de pensée se trouve intriqué à l'esprit qui le pense, ce qui modifie son statut. [...]
[...] L'univers est muet pour notre c?ur; la science n'a rien à dire qui puisse nous consoler. Dépendance, abandon, néant, voilà la condition de l'homme. Voilà ce qu'il ne peut manquer de voir, s'il n'est occupé à rien. Le divertissement pour combler le néant : C'est pourquoi les hommes n'aiment guère l'inaction: ils y sentent leur vide, et risquent de céder au désespoir. Pluto?t que de contempler cet abîme angoissant, les hommes préfèrent s'en détourner: ils cherchent du divertissement. D'ou? l'incessant «remuement» des hommes, les affaires, les passions, les guerres, les charges - tous ces tracas qui les détournent de penser à leur condition. [...]
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