Il semble que nous puissions diviser le monde en deux sphères : à l'une, composée de choses et d'êtres vivants, nous donnons le nom de nature ; nous définissons l'autre, celle des objets que nous fabriquons, comme le monde de la technique, de la culture, de l'artifice. Mais ou est exactement la frontière ?
Quelle distinction ?
L'homme crée des objets, qui, sans lui, n'existeraient pas. Elle témoigne d'un pouvoir, proprement humain, de mettre au monde des œuvres que nous créons par la pensée et que nous réalisons par des procédés techniques. De telles œuvres sont dites « artificielles » parce que, au lieu d'être le résultat d'une nécessité naturelle ou d'une puissance propre d'exister, elles sont le fruit de notre art, les effets de notre volonté consciente. La distinction paraît claire. Pourtant, face à un objet inconnu, un archéologue peut avoir du mal à déterminer qui, de la nature ou de l'homme, en a été l'auteur.
[...] Mais où est exactement la frontière ? Quelle distinction ? L'homme crée des objets, qui, sans lui, n'existeraient pas. Elle témoigne d'un pouvoir, proprement humain, de mettre au monde des œuvres que nous créons par la pensée et que nous réalisons par des procédés techniques. De telles œuvres sont dites artificielles parce que, au lieu d'être le résultat d'une nécessité naturelle ou d'une puissance propre d'exister, elles sont le fruit de notre art, les effets de notre volonté consciente. La distinction paraît claire. [...]
[...] C'est aux contemporains, par exemple à Heidegger, dans la question de la technique (1953), qu'il reviendra de mettre en garde contre une volonté de puissance qui enlève à la nature son statut de partenaire face auquel l'humanité éprouve sa liberté. Lorsque toutes les choses sont comprises comme un fonds inépuisable au service des humains, l'homme se perd, et confond sa liberté avec sa toute-puissance. Le thème de la nature a du bon, non parce qu'il nous apporte la fraicheur ou nous rappelle l'hier mais parce qu'il permet d'améliorer ce qui nous éloigne d'elle et nous en dispense. [...]
[...] Le pouvoir de l'homme sur la nature En réalité, l'enjeu de la distinction entre le naturel et l'artificiel renvoie au pouvoir que nous désirons exercer sur les choses. Celle-ci nous retient de nous attribuer un pouvoir illimité, en imagination ou dans la réalité. Mis en présence de la capacité humaine de créer des choses que la nature ne produit pas spontanément et serait même dans l'incapacité de produire seule, confrontés à l'exaltation de cette capacité par le mouvement de pensée, les hommes de l'antiquité prêchent la prudence et la modération. [...]
[...] L'homme demeure un être naturel. Il ne fabrique rien de toutes pièces : ni le schéma de ses inventions, ni les matériaux dont elles sont faites, ni le milieu où elles apparaissent. Il n'est jamais plus fier lorsque ses artifices deviennent indiscernables des œuvres naturelles. D'un autre côté, l'humanité perçoit les créations de la nature à travers son expérience de la technique et ne se les explique qu'en y projetant ses propres procédés. L'idée d'une productivité naturelle serait radicalement différente de la sienne lui demeure aussi bien inaccessible. [...]
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