Le sujet nous incite ici à nous interroger sur la nature du sublime. Considéré comme une catégorie esthétique différente du beau, le sublime est difficilement définissable. Son sens varie selon les périodes, et selon les pensées. Si il est lié à l'esthétique, il ne semble cependant pas lié directement à l'art, mais plutôt à la réception, à l'émotion, à la sensibilité, bref, à la subjectivité.
Il convient également de se pencher sur la signification de ce que Kant appelle la « nature en tant qu'art ». Il oppose la beauté naturelle à la beauté artistique, ce qui nous renvoie à sa distinction entre beauté libre et beauté adhérente. Une chose est belle, d'une beauté libre, quand le jugement que nous portons sur cette chose ne repose sur aucun concept de ce que doit être cette chose pour être belle. Il donne l'exemple de la tulipe : elle est belle, mais on ne saurait pas dire comment elle doit être pour être belle. Quant à la beauté adhérente, elle concerne les choses conditionnées, conformes à une fin interne, ce type de beauté suppose la perfection. Par exemple, la beauté d'un monument suppose l'existence d'un concept qui détermine ce qu'il doit être pour être beau. Si on créé un raccourci, cela pourrait revenir à dire que la beauté naturelle est libre, et la beauté artistique est adhérente. Mais ce n'est pas si simple : certaine beautés sont libres et artistiques (l'art abstrait, même s'il n'existait pas du temps de Kant), et d'autres naturelles et adhérentes (par exemple la beauté d'un être humain). Or pour Kant, la beauté pure est celle qui ne signifie rien… et comme nous venons de le signaler, à son époque, l'art est purement figuratif. Pour lui, la nature est donc un modèle que doit utiliser l'artiste, mais pas dans le sens de l'imitation de la nature : l'art est beau à condition qu'il offre « l ‘apparence de la nature », il doit faire oublier qu'il résulte de règles, de canons, d'une technique acquise durement par un peintre ou un sculpteur, et donner la même impression de liberté qu'offre la nature. Pour Kant, la nature en tant qu'art est donc cette nature libre de toutes contraintes créées par l'homme et qui provoque en nous une vibration esthétique. L'art ne peut lui-même être beau (ou sublime), que s'il s'inspire de la liberté de la nature.
[...] La nature en tant qu'art est cette nature dont émane une profonde impression de liberté, de puissance. Kant défini deux formes de sentiments du sublime, et à chaque fois, ces derniers se réfèrent à la nature. La première forme du sublime est le sublime mathématique : « est sublime ce en fonction de quoi tout le reste est petit ». L'infini est la grandeur absolue qui affecte le fonctionnement de nos facultés de connaissance. Le sublime mathématique met à mal l'imagination au profit de la raison : pour la raison, l'infini est « une prétention à la totalité absolue comme à une idée réelle », mais l'imagination ne peut pas se représenter l'infini, c'est impossible. [...]
[...] Nous nous interrogerons donc ici sur la nature du sentiment de sublime : par quoi est-il provoqué ? Ne peut-il pas l'être par l'art ? Pour cela, nous verrons que le sublime est d'abord un sentiment. Ensuite, nous montrerons qu'en effet, le sublime est fortement lié à la nature en tant qu'art. Enfin, nous nous demanderons s'il ne peut pas finalement être également provoqué par l'art. Avant de se pencher sur le lien entre la nature en tant qu'art et le sublime, il convient d'abord d'expliciter la nature première de ce dernier. [...]
[...] Ces performances violentes nous permettent donc de ressentir le sublime défini par Burke, où nous avons une idée du danger, sans y être toutefois réellement exposés. Pour conclure, on peut donc dire que le sublime ne réside pas réellement dans la nature en tant qu'art, mais que cette dernière provoque en nous un sentiment de sublime fort. Si ce dernière apparaît plus facile au contact de la nature, il n'en demeure pas moins que certaines formes artistiques peuvent elles aussi le provoquer, de manière d'autant plus forte qu'elles sont la création d'êtres humains. [...]
[...] Nous voyons donc, là encore, que le sublime ne réside pas dans la nature. Il est provoqué par la nature, mais il est en nous, le sublime est notre moralité et notre liberté, qui prennent le dessus sur les forces primaires de la nature. Dans cette dernière partie, nous nous demanderons si le sublime ne peut pas être provoqué autrement que par les manifestations naturelles. Si le sublime est en l'homme, de façon innée ou presque, il semblerait logique qu'il puisse donc être provoqué par des créations humaines, et non seulement par des créations aléatoires de la nature. [...]
[...] Il donne l'exemple de la tulipe : elle est belle, mais on ne saurait pas dire comment elle doit être pour être belle. Quant à la beauté adhérente, elle concerne les choses conditionnées, conformes à une fin interne, ce type de beauté suppose la perfection. Par exemple, la beauté d'un monument suppose l'existence d'un concept qui détermine ce qu'il doit être pour être beau. Si on créé un raccourci, cela pourrait revenir à dire que la beauté naturelle est libre, et la beauté artistique est adhérente. [...]
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