Alors que la nature comprend des phénomènes que l'on dit naturels et semble se faire le chantre du déterminisme (relation nécessaire entre une cause et son effet), qu'elle existe indépendamment des intentions et des efforts de l'homme, la liberté semble investir un tout autre espace : être libre, c'est ne pas être empêché de faire ce que l'on veut et cela suppose l'absence de toute contrainte étrangère ; or est-ce que la nature n'impose pas ses lois physiques à l'homme, lois auxquelles il ne saurait déroger ? Les termes « Nature » et « Liberté » nous apparaissent un premier temps contradictoires, ce sont là deux sphères hétérogènes, mais la nature est pourtant le point d'application de la liberté humaine.
La liberté est donc subordonnée aux exigences de la nature, elle doit donc composer avec ces contraintes ; or n'a-t-on pas dit précédemment que la liberté consistait en une absence de contraintes ? C'est là toute la complexité de la question. Est-ce que la nature ne vient pas nier la possibilité d'une liberté absolue et dans ce cas est-ce que l'idée même de liberté est toujours viable au sein de la nature ?
Quelle réconciliation possible existe-t-il entre la nature et la liberté humaine ?
[...] La liberté n'est autre que l'essence même de l'homme. Rousseau admet là une vision de l'homme aux antipodes de celle de La Mettrie et de Descartes qui font émerger le concept d' animal- machine Cette indépendance dont bénéficie l'homme s'explique du fait qu'il entretient un rapport à la nature foncièrement différent de celui de l'animal : alors que la bête choisit par instinct, sous l'emprise des passions, l'homme jouit d'une autonomie certaine et choisit par liberté : La nature commande à tout animal, et la bête obéit. [...]
[...] Hans Jonas expose ainsi toute l'ambigüité de la relation homme/nature ; en ignorant les contraintes de la nature, l'homme s'enfonce dans l'ignorance et la servitude tandis qu'en apprenant à faire la part des choses entre ce qui dépend de la nature et ce qui dépend de lui, il peut mettre en œuvre sa liberté tout en prenant conscience que persisteront toujours des éléments sur lesquels il n'aura aucune autorité, sa liberté n'est effective qu'après avoir prononcé l'aveu d'impuissance vis-à-vis des phénomènes naturels. Aucun pouvoir n'est aussi absolu que celui que l'homme exerce sur lui-même, mais c'est là une liberté intérieure et lorsqu'il s'agit d'admettre une liberté qui soit une réalité tangible dans le monde, nous ne pouvons alors que constater une liberté humaine limitée mais éclairée. L'ataraxie du sage, c'est-à-dire l'absence de trouble n'est atteinte qu'en acceptant la souveraineté des lois naturelles et en évoluant en ayant conscience de ses limites. [...]
[...] Il se rattache au premier par son entendement et ses sens, au second par sa raison, qui le distingue de tout, y compris de lui même en tant qu'il est phénomène. Et c'est cette double appartenance qui sauve la liberté de l'être raisonnable, dans la mesure où elle n'est vraie que pour le monde intelligible. Il n'admet pas ici de liberté pratique dans la sphère des phénomènes. Les lois de la liberté sont différentes de celles de la nature, ces dernières étant soumises au principe de l'hétéronomie. [...]
[...] Or ce règne des fins est un idéal qui doit être réalisé par la liberté. Si l'être raisonnable était pur noumène, ses actions seraient toujours conformes au principe de l'autonomie de la volonté. Pur phénomène au contraire, ses actions reposeraient sur le principe du bonheur, et se conformeraient à la loi naturelle. Mais en ce qu'il appartient aux deux sphères, et parce que le monde intelligible légifère le monde sensible, l'homme, être sensible, est soumis la raison, loi de l'homme ; être intelligible, et ses actions doivent être conformes à la loi morale dictée par l'autonomie de la volonté. [...]
[...] Concilier nature et liberté semble dès lors problématique. On a pu constater que la nature impose une finitude à l'homme, or comment pouvoir manifester une capacité infinie tout en étant fini ? Nous verrons pourtant que Descartes admet que la liberté humaine est liée à la conscience de notre finitude. Or si c'est la nature qui nous fait prendre conscience de cette finitude, elle joue un rôle fondamental pour la liberté. II- Comment concilier ces deux entités qui paraissent d'abord diamétralement opposées ? [...]
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