Il parait évident aujourd'hui que l'homme se distingue de son frère l'animal par l'attestation de son intelligence et la grandeur de son développement. Il a une nature tout-à-fait particulière qui fait de lui les yeux du monde qui l'entoure. Observateur de sa condition particulière dont il a conscience, l'homme développe l'idée de nature humaine, le contraignant à n'être ni un animal (au sens restreint), catégorie de laquelle sont exclues la réflexion et la liberté, ni un dieu, omniscient, omnipotent et immortel. Il se défausse donc sur des explications indépendantes de sa volonté comme pour se défendre de son imperfection, notamment en pensant la nature humaine comme inhérente à l'homme-même comme le montre la métaphore du mythe (au sens grec, celui d'un récit aux origines archaïques qui a des conséquences inévitables et indépendantes sur l'homme et son action), c'est-à-dire une malédiction originelle sur l'homme avec laquelle il ne peut découdre. Mais pourquoi donc les hommes se condamnent-ils à subir le poids d'une telle nature ? (...)
[...] Plus encore, l'homme est un animal social. C'est par le biais de la société qu'il a la particularité de se distinguer des autres animaux. L'exemple le plus probant est celui de l'enfant sauvage. Cet enfant abandonné par les siens ne montrera pas le maximum de ses capacités intellectuelles sans personne pour lui apprendre à s'en servir, et aura autant aptitudes qu'un chimpanzé. L'enfant sauvage aura pu être un argument pour dire que l'homme n'est rien de plus qu'un animal, tant Victor de l'Aveyron montre que l'homme sans son environnement est un animal, si on n'avait pas considérer la formidable aptitude de l'homme à imiter ses semblables. [...]
[...] Mais pour briser ses chaines, il n'a de cesse de penser (la fertile philosophie le montre), comme pour combattre ses propres démons et pour trouver la solution finale de cette équation insolvable. Mais en trouvera-t-il une un jour sinon celle qui consiste à se résigner ? On pourrait en douter tant la nature humaine est une vérité inhérente à l'homme-même. La solution de facilité est de détourner le regard, si c'est philosophiquement peu satisfaisant, il est agréable de se dire que Sisyphe est heureux. [...]
[...] L'homme est encore une fois troublé par son imperfection qui est incertitude, force et faiblesse (toujours témoin du paradoxe sous-jacent de nature humaine) qui trouve sa naissance dans sa capacité-même à réfléchir et à remettre en question. La nature humaine est un concept inventé (ou plutôt découvert) par l'homme. Ni ange, ni bête (et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête, Pascal, Les pensées), il est sans cesse en quête d'explications sur sa condition humaine si singulière, le mettant en position dominante dans le règne animal mais le soumettant aussitôt à la vigueur de son propre esprit critique. [...]
[...] Les grecs ont inventé des mythes divers pour expliquer leurs défauts. Le plus poétique est celui de Pandore, la première femme, créée par Zeus (avec l'argile d'Héphaïstos) pour se venger des hommes tant gâtés par Prométhée (qui leur a donné le feu volé aux Dieux). Pandore, offerte au frère de Prométhée en mariage, a reçu des dieux tous les dons (d'où son nom) mais aussi, enfermés dans une jarre, tous les maux comme la vieillesse, le vice, le travail, la passion, et aussi l'espérance. [...]
[...] Ainsi l'homme se distingue par son aptitude à la coopération. L'homme est selon une formule restée célèbre un dzôon politikon un animal politique, (Aristote, L'éthique à Nicomaque), c'est-à-dire qui trouve sa singularité et sa force dans le rassemblement et la cité. L'union fait sa force. Enfin, ultime caractéristique qui donne sa singularité à l'homme, il est mauvais, contrairement aux animaux qui ne prennent pas conscience d'un tel concept. Faire découler un acte animal d'une volonté mauvaise (le prédateur qui dévore sa proie par exemple) est tout simplement anthropomorphique et impropre. [...]
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