La tradition biblique présente l'homme comme l'être à qui Dieu destine la nature. Les hommes seraient certes des créatures, au même titre que les autres êtres vivants, mais ils jouiraient d'une place à part dans la nature, en tant que la nature serait là pour servir l'homme. Plus encore, la liberté et l'intelligence permettent à l'homme d'être le maître de la nature, non seulement parce qu'il la possède, mais aussi parce qu'il la comprend et donc la domine. La place exceptionnelle qu'occupe l'homme dans la nature n'est pas uniquement hiérarchique, mais également ontologique : l'homme est « à part » parce qu'il n'est pas seulement dans la nature, ni simplement un être naturel parmi d'autres, ni même au-dessus des autres ; la nature ne constitue pas qu'un environnement ou un milieu de vie (...)
[...] Mais pourquoi devrions-nous croire que la nature doit nous conduire ? N'est-ce pas parce que nous consentons nous-mêmes à notre propre faiblesse, que nous n'espérons pas pouvoir transformer la nature ? Autrement dit, la primauté de la nature sur la nature humaine ne s'explique- t-elle pas par une démission, un oubli de ce que nous sommes, de la puissance qui est en nous ? 2. La puissance propre de la nature humaine A. Perception et soumission à la nature La thèse selon laquelle nous sommes en mesure d'imiter la nature suppose pourtant que soit auparavant réglée une autre question : percevons-nous la nature telle qu'elle est ? [...]
[...] Certes, pour nous l'imitation est une formation, et équivaut à la culture. Mais en soi, l'imitation est naturelle puisque la nature dans son ensemble tend à imiter le divin. L'imitation définit le rapport naturel de l'homme à la nature. Autrement dit, la nature nous dicte la façon dont nous devons nous conduire : elle est notre maître. Un problème se pose alors : n'est-ce pas justement parce que nous croyons que la nature doit nous conduire que nous posons que la nature est un processus de production ? [...]
[...] Il instaure donc un monde dans lequel l'action morale est possible. Par conséquent le plan de la nature, que nous suivons dès lors que nous nous engageons dans une action technique, a pour fin la réalisation des conditions de l'action morale. Le plan de la nature prend comme modèle un monde dans lequel la loi morale serait toujours respectée. La loi morale est ce qui fait de nous des fins en soi sans autre modèle que notre propre dignité, sans rapport à autre chose qu'à nous-mêmes, sans imiter rien ni personne. [...]
[...] La nature telle que nous la percevons doit même être une copie conforme de la nature telle qu'elle est. La thèse de l'imitation (comme rapport naturel entre l'homme et la nature) présuppose celle de la copie entre nature réelle et nature perçue. Or rien ne nous oblige à assumer une telle thèse : dans la Dioptrique, traité d'optique qui fait suite au Discours de la méthode, Descartes montre que la perception par les sens n'implique pas que ce qui est effectivement perçu par nos sens et par notre cerveau ressemble à l'objet perçu en tant que tel. [...]
[...] Dans quels domaines est-il légitime de prendre la nature comme modèle ? Introduction à rédiger 1. L'imitation comme rapport entre copie et modèle : la nature est notre maître A. La notion d'imitation Nous devons expliquer comment l'imitation est possible, tenter d'en expliquer les formes et les causes. Qu'est-ce qui permet de copier tel modèle, de reproduire un original ? Il faut posséder les mêmes matériaux et les mêmes techniques de production. L'imitation fonctionne donc au premier abord comme un processus de production, qui cherche à reprendre les mêmes voies que celles qu'a suivies la production de l'original. [...]
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