Dissertation de philosophie examinant les rapports entre les mots et les choses. Le langage est ce qui permet à l'homme de parler du monde. Mais tout peut-il être dit par le langage ? Cette dissertation peut servir de base de réflexion au thème du langage.
[...] Ainsi la psychanalyse admet- elle ce pouvoir des "Mots pour le dire" selon le roman de Marie Cardinale, au sens où une réalité inconsciente transformée en mots devient consciente et pensable. En ce sens les mots nous rapprocheraient des choses, abandonnées sinon à l'inconscience et à l'indicible, cf. Hegel : on ne peut penser en dehors des mots, le mot permet la clarification et la maîtrise du concept, une pensée non formulée n'est pas une pensée véritable mais un ensemble de sensations confuses. [...]
[...] Là où le "mot" éloigne, la parole du poète s'approche et révèle le réel. Les mots et les choses apparaissent ensemble au sens où le mot rend la chose présente connue, consciente. Mais le mot s'éloigne de la réalité car il la fige en la nommant, la banalise en la disant. Toutefois le "mot" semble bien adapté à la "chose" si tous deux renvoient à des réalités catégorielles utiles pour penser mais aussi pour communiquer avec autrui. Ce qui s'éloigne alors de toute conceptualisation, ce sont les nuances de réalités, de sentiments ou d'émotions qui ne peuvent être ainsi fixées, ni surtout généralisées. [...]
[...] Il faut bien s'accorder sur le sens de certaines choses pour agir ensemble dans la vie quotidienne. La "chose" comprise comme "substance" stable, définissant l'essentiel des réalités multiples est donc bien approchée par le "mot". Le mot "table" renvoie à la substance catégorielle de ce qui fait une table dans toute table, ce que les anciens nommaient "essence". Nous avons besoin de telles catégories pour communiquer et agir. En ce sens on pourrait dire que le mot nous rapproche des "choses" mais nous éloigne de la réalité dans toutes ses nuances et sa richesse. [...]
[...] Le mot en ce sens éloigne de ce qui constitue la réalité. De plus les réalités sont multiples et singulières alors que le mot est général, il vise l'essence générale de tout chose singulière (l'homme dans Socrate). Cf. Bergson, reprendre sa critique du langage et l'idée que nous posons "des étiquettes" sur les choses. Prendre des exemples de réalités singulières réduites à une "catégorie" par le mot (toute table est désignée par le mot table, mais aussi peur, joie, alors qu'il n'y a peut-être là que des réalités multiples et à chaque fois uniques qui sont réduites à leur aspect le plus banal par l'utilisation des mots). [...]
[...] Les mots nous éloignent-ils des choses ? "Les mots, les mots, ne se laissent pas faire, toute langue est étrangère" écrit le poète Guillevic. Que le mot résiste à l'expression des choses n'est pourtant pas ce qui se manifeste tout d'abord. En effet on pourrait penser que les mots en nommant les choses s'en approchent, éclairant la réalité par la maîtrise du langage. Le mot ne permet-il pas de cerner la chose qui reste confuse tant qu'elle n'est pas désignée ? [...]
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