La mort est, avec la naissance, l'un des deux moments cruciaux de la vie de chaque être : l'une l'inaugure, l'autre la clôt. Mais la naissance fait passer de la vie à la vie. La mort est au contraire un seuil, une zone de contact entre la vie et la non-vie. Celle-ci est-elle le néant ? Y a-t-il une vie après la mort ? Les religions apportent des réponses à ces questions que la mort nous fait nous poser.
Épicure, lui, ne se souciait pas de l'après-vie, ou de l'après-mort. Il était moins soucieux de penser la mort par rapport à la vie, que de la penser par rapport à nous qui sommes, qui existons. Dans cette perspective, il disait : « La mort n'est rien pour nous ».
[...] A ce titre, elle n'est rien pour nous objectivement ; en elle, toute sensation s'abolit. Elle est un néant qui est incapable de nous toucher, de nous affecter. Pour nous, en effet, il n'y a aucun bien, aucun mal, ni aucun être hors de la sensation. Sa réalité nous est étrangère, et elle nous est de surcroît moralement indifférente : elle n'est ni bonne ni mauvaise. La mort est radicalement extérieure à la sphère de l'existence. La vie et la mort se livrent toutes deux une véritable partie de cache-cache : quand la mort est là, nous n'y sommes plus. [...]
[...] L'un affirme que la mort n'est rien pour nous ; qu'elle est négation pure. Pour les autres, il faudrait penser que nous pouvons mourir à tout instant. Pour l'un, la mort est impensable ; pour les autres, nous devrions l'avoir continuellement en l'imagination et en la bouche. Dans un cas, la mort nous invite à goûter tout le plaisir de vivre ; dans l'autre, elle joue les rabat-joie. Pourtant, on passe insensiblement de l'un à l'autre. Dans ces conditions, comment la mort ne serait-elle rien pour nous, quand son idée est obsédante ? [...]
[...] mort n'est rien pour nous» : élucidation de la formule. II. La mort est la vérité de la vie. Introduction La mort est, avec la naissance, l'un des deux moments cruciaux de la vie de chaque être : l'une l'inaugure, l'autre la clôt. Mais la naissance fait passer de la vie à la vie. La mort est au contraire un seuil, une zone de contact entre la vie et la non-vie. Celle-ci est-elle le néant? Y a-t-il une vie après la mort'? [...]
[...] Le tout est de ne pas se laisser surprendre. Montaigne reprend les arguments anciens, ceux des Épicuriens et des Stoïciens, de manière éclectique : il les mélange. D'Épicure, il retient l'idée que la mort est invitation au bonheur; des Stoïciens, qu'il faut se résigner à mourir, la mort étant nécessaire. Comme eux, il met la vie humaine en perspective : au regard de l'éternité, ou du temps des étoiles, quelle différence cela fait-il de mourir à vingt ans ou à quatre-vingts? [...]
[...] D'où les grands sages ont tiré une règle de vie : ne pas penser à la mort, et vivre comme si on devait vivre toujours. En avant, disait Goethe ; en avant par-dessus les tombeaux. (Propos d'un Normand, I). On a vu au moyen de quels arguments on peut prétendre que la mort n'est rien pour nous. Ils nous parlent de la vie, de la mort, jamais de l'essentiel pour nous : le mourir. Or, disait déjà Montaigne, si la mort n'est rien, le mourir est tout. II. [...]
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