On connaît la difficulté de déterminer ce qui peut nous permettre de dire qu'une action est moralement bonne; à celle-ci s'ajoute inévitablement la réciproque: quand est-ce qu'une action n'est pas conforme à la loi morale ? Quand est-ce que celle-ci peut éventuellement devenir bonne ? La moralité peut-elle en effet s'accommoder du mensonge ? Apparemment non. Mais de certains mensonges, c'est à dire de mensonges opérants dans certaines circonstances? Puis-je vouloir moralement le mensonge ? Existe-t-il une certaine souplesse dans ce qui constitue le fondement de la Justice et des relations sociales, et qui est à la fois un commandement essentiel de la morale chrétienne et de la morale humaine en général ('Tu ne mentiras pas')? Après avoir étudié le mensonge en tant qu'infraction à la loi morale, il convient donc de se demander s'il n'est pas parfois préférable de mentir, en opposant à un rigorisme qui est susceptible d'ébranler le bon sens une vision plus humaine d'un dilemme qui n'est pas prêt de mettre tous les hommes et les penseurs d'accord.
[...] Est-ce la morale qui les a dictés ? S'il est toujours illégal de ne pas obéir à une mauvaise loi, est-il immoral de ne pas respecter une règle de morale ? Une action morale est-elle en conformité avec le bien ou avec la loi morale en priorité ? Toutes ces questions surgissent fatalement dans certaines circonstances qui nous mettent dans l'esprit l'éventuelle possibilité d'une exception à la loi morale, idée qui a coutume de déranger et à laquelle on ne fait que penser en imaginant des situations où la raison peut encore intervenir dans la balance, alors qu'elle s'efface en général lorsque l'exemple est vécu et que les sentiments prennent le dessus. [...]
[...] Conclusion Il y a donc un choix à faire entre le respect pour la règle (et le) respect pour les hommes compte tenu de la césure faite entre les deux, mais qui devient déchirure dans les cas de conflits (Ricoeur). La moralité ne peut en principe pas accepter le mensonge, mais il paraît parfois plus immoral de ne pas mentir, si toutefois il y a un lien entre le bien et la morale, ce qui semble normal du point de vue du bon sens. Ainsi, la moralité peut être source du mensonge, et peut donc ne pas s'en accommoder uniquement quand des circonstances le demandent, mais tout simplement intervenir dans ces circonstances. [...]
[...] Car mentir n'est pas un acte amoral, c'est à dire que la moralité ne recommande pas, mais bien immoral, c'est à dire qui s'y oppose. C'est en ce sens que l'on peut rapprocher cette exigence morale d'une obligation juridique, c'est à dire d'un devoir. En tant que fausseté délibérée, le mensonge va à l'encontre de la franchise requise dans toute justice en bousculant le fondement de toute légalité. Il est néanmoins légitime de se demander alors si la conformité aux règles comme aux lois fait d'une action une action moralement bonne, et donc si la légalité peut être assimilée à la moralité. [...]
[...] Vu sous cet angle, comment réfuter ce principe ? De même que l'on est tenté de suivre plutôt la voie de la souplesse et du respect d'autrui au sens le plus concret, on ne peut pas vouloir d'une société où tout le monde ment, même si tous les menteurs soutiennent qu'ils mentent dans le but de servir une cause morale. Enfin, Kant refuse de reconnaître un droit de mentir qui au nom du droit produit le renversement de toute légalité possible ; le devoir étant non pas le reflet mais la source du droit, si l'assassin est privé de droit, l'hôte a quand même le devoir de dire la vérité. [...]
[...] Mais en se penchant sur cette éthique, on peut s'interroger sur une nuance fondamentale entre le droit et la morale, fondamentale en ce sens qu'elle serait à la base d'un possible exception à un principe d'apparence inébranlable. L'un des Dix Commandements est une des règles principales de la morale qui nous fait dire : Il ne faut pas mentir. Mais cette défense autoritaire a tendance à nous faire oublier par sa fréquence et son omniprésence dans le martèlement qu'en fait l'éducation pourquoi il est moralement mauvais de mentir. [...]
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