La moralisation de la vie publique s'inscrit dans une tradition américaine, moins européenne. Ainsi Bill Clinton a dû s'expliquer sur sa relation avec Monica Lewinsky, affaire pourtant privée. Moraliser, c'est-à-dire obtenir des gouvernants un droit comportement, dans une pensée binaire entre le bien et le mal, reviendrait alors à confondre le politique avec la politique.
Dès lors, si la morale doit guider l'action publique, que reste-t-il de la stabilité de l'Etat ? Quelle nouvelle relation cela implique-t-il avec le citoyen ?
La morale semble être ce qui doit guider l'action, considérant la politique comme devoir et le gouvernant comme détenteur de la justice [I]. Mais elle risque de feindre à son but d'efficacité notamment en confondant public et privé, la et le politique [II]. Il faut alors que les gouvernants repensent l'action tout en éloignant le citoyen de ses instincts méfiants [III].
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Il est d'abord possible de considérer que la politique guide la morale. La politique menée est alors juste par rapport aux valeurs portées dans la Cité. Cet idéal est décrit par Platon dans La République. Le modèle idéal proposé par Platon fait du roi un philosophe et du philosophe celui qui étudierait la science du bien. Le philosophe roi est un sage qui peut remplacer la loi. Puisque le gouvernant sait arbitrer entre le juste et l'injuste, la stabilité est assurée au sein de la Cité. Malgré le caractère utopique de la Cité platonicienne, cet exemple antique nous donne à voir la politique et la morale comme intrinsèquement liées. La politique se doit d'être morale (...)
[...] Le philosophe roi est un sage qui peut remplacer la loi. Puisque le gouvernant sait arbitrer entre le juste et l'injuste, la stabilité est assurée au sein de la Cité. Malgré le caractère utopique de la Cité platonicienne, cet exemple antique nous donne à voir la politique et la morale comme intrinsèquement liées. La politique se doit d'être morale. : la morale guide la politique] Inversement, ne peut-on pas dire que c'est la morale même qui guide la politique ? [...]
[...] Tel l'artisan, le citoyen doit considérer l'action politique comme un objet. De manière plus contemporaine et car les hommes sont faits de passions, des institutions doivent assurer un rôle régulateur. La morale est constitutionnalisée sous la Ve République et le Conseil Constitutionnel a pour rôle de réguler l'action politique en conformité à la Constitution. Les sages rappellent le sage de Platon, à cela près que ceux-là sont démocratiques. La moralisation doit donc être ex post et non pas ex ante afin de ne pas menacer la stabilité de l'Etat. [...]
[...] Cela permet à la fois d'éviter les inconvénients d'une moralisation et de renforcer la valeur de l'action, tel que le désir Hannah Arendt. Conclusion Ainsi, si la morale semble être un but en soi quand on considère l'action publique comme un devoir, la moralisation posée comme principe absolu risque d'amener le citoyen à confondre public et privé ce qui entraîne de la méfiance et à remettre en cause l'efficacité et la stabilité du pouvoir politique. La moralisation ne doit donc être qu'une régulation ex post avec des institutions dédiées à cela et le citoyen doit avoir confiance envers les gouvernants en participant à la vie publique. [...]
[...] Sujet : Que risquons-nous à moraliser la politique ? Introduction La moralisation de la vie publique s'inscrit dans une tradition américaine, moins européenne. Ainsi Bill Clinton a dû s'expliquer sur sa relation avec Monica Lewinsky, affaire pourtant privée. Moraliser, c'est-à- dire obtenir des gouvernants un droit comportement, dans une pensée binaire entre le bien et le mal, reviendrait alors à confondre le politique avec la politique. Dès lors, si la morale doit guider l'action publique, que reste-t-il de la stabilité de l'Etat ? [...]
[...] Ainsi la paix implique de multiples guerres mais la politique, automatiquement, se moralise. La moralisation ne se conçoit ainsi plus comme risque mais comme perspective bénéfique. [II : Mais une moralisation poussée menace l'ordre désiré et la valeur de l'action politique] : Risque de confusion public/privé et action publique/ conquête du pouvoir] Le premier risque est la confusion entre action publique et action privée et entre la politique conquête du pouvoir et le politique. Cette confusion a pour conséquence la méfiance du citoyen. [...]
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