« Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne » telle est la loi morale à laquelle tout homme doit se soumettre librement selon le philosophe de Kant qui expose sa thèse sur la morale dans la Critique de la raison pure. En effet, d'ordinaire nous définissons la morale comme étant l'ensemble des règles, de normes et de valeurs pratiques propres à un groupe ou à une société donnée. Toutefois cette définition ne suffit pas à dégager la contradiction que constitue la notion de morale, cette dernière étant également une partie de la philosophie qui a pour objet les lois et les règles de l'action bonne et qui a une prétention à l'universalité. Il convient dès lors de prêter une attention particulière à ce paradoxe qui pose l'universalité de la morale. Quant à l'expression de « convention sociale », proprement dite, cette dernière implique un accord, un pacte conclu entre des personnes appartenant à une même société humaine pour des affaires intéressant la vie commune. Ceci peut supposer qu'il y ait plusieurs sociétés et de ce fait si ce pacte ne s'applique qu'à l'une d'entre elles l'universalité de la morale est-elle possible ? Peut-il y avoir universalité de la morale sachant que les individus sont structurés par des liens de dépendance au sein de la société et doivent « se moraliser » dans celle-ci, tel que le dit Kant dans l'Anthropologie du point de vue pragmatique, Partie II.
[...] Pour ainsi dire la loi morale universelle admise par la morale kantienne est contredite car l'universalité de la forme ne définit que l'obligation dans des circonstances particulières. L'impératif catégorique n'a donc d'universel que sa forme. Quant à la raison elle-même, elle peut seulement examiner la loi morale sans pouvoir l'énoncer. La morale kantienne comporterait des invalidités et des contradictions ? N'y aurait-il pas en ce qui concerne la morale, une référence à un absolu ? La morale définit selon Kant comme une théorie de l'obligation, de la loi et du devoir ne constituerait donc pas l'aspect inconditionnel et universel ? [...]
[...] En ce sens, Bergson pense la morale à partir de l'opposition clos/ouvert. Contrairement à la morale close, la morale ouverte désigne la morale fondée sur l'aspiration, ouverte sur la vie et possédant de ce fait une dimension mystique. En ce sens, Bergson analyse et explique dans un premier temps que l'obligation morale peut se heurter à des résistances. C'est-à-dire que nous pouvons très bien vaquer à nos activités journalières sans se plier à des obligations. Nous optons pourtant à ce qui est conforme à la règle par des choix et des décisions. [...]
[...] Néanmoins nous devons rester prudents quant à la mise en application de cette théorie, car du fait de la facilité de l'opération de l'obligation morale, le caractère du résultat qu'elle donne reste approximatif. Si les règles de conduite presque identiques parviennent à des principes aussi différents, cela veut peut-être dire que les principes en question n'ont pas été pris dans ce qui leur était proprement spécifique. En conclusion, après avoir développé deux thèses contradictoires, la morale reste elle-même inexpliquée comme le dit Bergson. [...]
[...] En ce sens la morale du devoir est universelle. Toutefois, il faut, car la morale kantienne l'exige, que l'individu mette en œuvre tous les moyens qui sont en sa possession pour réaliser le devoir qui lui est dû, sa volonté personnelle n'est pas suffisante. Or ce devoir ordonne à l'action sa règle, lui seul commande universellement selon la maxime citée précédemment. Ainsi cherchant à rendre la raison pratique, Kant montre que l'exigence de la rationalité comporte en elle-même une exigence d'universalité. [...]
[...] En tout cas avant de savoir si la morale est une convention sociale ou pas, il sera nécessaire d'examiner la notion même de morale, ainsi que les thèses faites sur ce sujet. Effectivement, Kant, renouvelant radicalement la philosophie traditionnelle, va adopter une morale du devoir. Le devoir étant selon l'impératif catégorique kantien l'obligation morale considérée en elle- même. Ainsi Kant oppose cet impératif catégorique aux impératifs hypothétiques, règles d'habiliter ou conseils de prudence. Ainsi Kant récuse toute morale soumise à la définition préalable du bien, toujours dépendante de conditions empiriques et donc particulières. [...]
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