La morale est supposée guider l'action de l'homme. Mais la morale, ou encore la « Vérité » échappe à l'appréhension directe. Celle-ci exige en amont une action consciente de l'homme pour pouvoir y atteindre. Avant de pouvoir déterminer moralement et ainsi choisir ses actes, l'homme doit concevoir une stratégie, un plan d'actions pour pouvoir conceptualiser cette même détermination morale
[...] Dans l'émergence du phénomène nazi « de forfaits commis à une échelle gigantesque et impossible à rattacher à quelque méchanceté particulière », c'est l'absence d'un socle de valeurs et de principes moraux qui apparaissent à l'origine de la banalité du mal. Notamment, l'interdiction de tuer son prochain est solidement rattaché aux us et coutumes de toute civilisation, et cela de manière universelle. L'exigence de conduites morales universelles prend sa source dans le christianisme. Puisque tous les hommes sont égaux devant Dieu, ils peuvent tous accéder également au bien. Cependant, l'approche philosophique demeure alors « servante de la théologie » selon les termes de Thomas d'Aquin, c'est-à-dire soumise à la religion. [...]
[...] En définitive, pourquoi dois-je avoir le souci de moi-même ? De l'importance de la « solitude » dans la détermination morale C'est avec Kant et son apologie de l'autonomie de la volonté que l'approche philosophique de la détermination de la morale se libère des considérations religieuses. Kant met en avant la nécessité de chacun de se constituer législateur universel. Selon cette conception, la morale est nécessairement universelle, c'est-à-dire la même pour tous les hommes. Le processus de détermination exige d'abord la « solitude » ensuite un dialogue réflexif du sujet avec soi-même (B.). [...]
[...] Comment être deux en un alors que le tissu des réseaux sociaux envahit toutes les strates de la vie individuelle. Alors que Georges Orwell avait imaginé un monde dans lequel l'individu vivait en permanence dans l'œil de mire de Big Brother, le monde moderne est aujourd'hui une tribune permanente aux différents réseaux assaillant les singularités de messages dictant une logique tyrannique (consumérisme, terrorisme, abdication du vote démocratique, repli sur soi, etc.). Ainsi, dès 1846, Kierkegaard dénonçait : « la presse quotidienne et anonyme accroissant cette démence grâce au public, l'abstraction proprement dite, qui se prétend le tribunal de « la vérité » Force est de constater que le défi de se singulariser par rapport à la dictature de la foule est toujours d'actualité pour favoriser la « solitude » terreau de la détermination morale. [...]
[...] Ne dit-on pas qu'il vaut mieux avoir tort à plusieurs que raison isolément ? Cependant, les philosophes n'ont eu de cesse de mettre en garde contre les sirènes de la facilité consistant à suivre la foule, à hurler avec les loups. Kierkegaard donne ainsi l'exemple de la foule qui a trouvé le courage dans la multitude de crucifier le Christ. Hannah Arendt s'interroge dans Considérations morales, Introduction sur la banalité du mal, sur le fait négatif conduisant un sujet à devenir un grand criminel de guerre et son acceptation d'un système de règles résolument différent de celui communément accepté. [...]
[...] Notamment, Kierkegaard prend la défense de l'individu au nom des valeurs chrétiennes. Il expose ainsi ce que signifie « aimer son prochain », à savoir honorer absolument tout homme pris isolément. Pour Kierkegaard, cette action d'« aimer son prochain » est le moyen de pratiquer la vérité, dans le sens de craindre Dieu et de toucher une vérité absolue qui exprime l'égalité humaine. Kierkegaard fait ainsi l'apologie du courage de devenir un individu, à l'opposé de suivre la foule (tout groupe agissant en tant que collectivité). [...]
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