N'oublions pas à l'heure actuelle la leçon que Montaigne nous a donnée et qui, malgré les trois siècles qui nous séparent, reste fondamentalement contemporaine tant sur le savoir par rapport à l'humanisme que sur la religion et la philosophie.
[...] Le meilleur langage garantit le plus pur de l'intelligence et contribue de la sorte à distinguer l'homme de l'animal. S'agissant du bien parler, l'éloquence c'est-à-dire la maîtrise et l'art de la langue, passe pour la quintessence de toutes les facultés intellectuelles. Cette première conviction se double d'une seconde : celle de la préséance de la formation littéraire sur l'expérience. Pour Pétrarque, pour Bruni, l'expérience que nous avons du monde doit se limiter à celle que nous offre les lettres B La culture vécue, ouverture à l'autre et promotion de soi, vers un nouvel universalisme Montaigne critique le premier humanisme et pense lui aussi la formation intellectuel à partir d'un commerce avec les auteurs. [...]
[...] Les rapports de la foi et de la raison sont loin d'être résolus. Si en Europe, les programmes scolaires enseignent les évolutions comme des théories scientifiques reconnues, il existe depuis 1920 aux Etats-Unis et depuis l'action de William Jennings Bruyan, théorie de l'évolution combattu par le créationnisme religieux. Dieu est le descendant d'Adam et Eve. Depuis la fin du X siècle, le créationnisme est délaissé en faveur du dessein intelligent thèse selon laquelle l'univers et le monde sont mieux expliqués par une cause intelligente, Dieu, que par des processus aléatoires tels que la sélection naturelle. [...]
[...] Cette volonté de s'en tenir à la vérité des faits, à la diversité des faits. De même que Montaigne ne s'analyse qu'à travers ses ruptures et ses discontinuités, il ne considère le monde que dans ses changements, que dans ses contradictions. Pour Montaigne, seuls les effets sont évidents, non les constructions de la raison. J'aime mieux suivre les effets que la raison Quant à savoir pourquoi l'effet existe, Montaigne n'entend pas donner de réponse, il ne prétend donner aucun principe universel. Ce scepticisme clairvoyant constitue de nos jours, une possible sagesse. [...]
[...] Il est le contemporain d'une révolution culturelle majeure : celle de l 'invention de l'imprimerie par GUTEMBERG. Grâce aux livres, apprendre, se cultiver, ce n'est plus désormais essentiellement mémoriser. On n'avait plus besoin de garder un fait en mémoire s'il pouvait être transcrit dans un livre, à porter de main dans la bibliothèque. l'imprimerie c'est la libération de la mémoire. De nos jours, les livres ne sont plus des objets réels mais des objets virtuels à l'infinie disposition de l'internaute. [...]
[...] La double critique de l'humanisme émise par Montaigne débouche ainsi sur un nouveau projet pédagogique. Qu'est-ce qu'éduquer ? La question de l'éducation n'est pas simplement une question de diplomation, pas simplement une question de professionnalisation, c'est bel et bien un projet de civilisation et corrélativement un projet d'humanité. Si l'on s'en tient à une approche purement économique de l'éducation, rien n'empêchera que de jeunes diplômés, tout éduqués qu'il soit, ne surgissent sur leur ancien campus pour tuer quelques camarades avant de retourner leur arme contre eux. [...]
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