Les essais de Montaigne n'ont pas de plan; Montaigne rajoute des choses au fur et à mesure et les essais procèdent « à saut et à gambades », selon les détours de son esprit. Ils regroupent énormément d'exemples. Le chapitre est indicatif d'un point de vue de Montaigne sur l'imagination qui est annoncée d'emblée : la force de l'imagination. L'ensemble du texte donne des éléments et des exemples sur cette force. L'imagination le renverse ; elle a sur lui un effet tout à fait considérable (« certains en sont heurtés, d'autres en sont renversés »). Le chapitre XX est un chapitre hétéroclite où se mélangent des propos intimes, des références bibliques, des propos sérieux et futiles, des propos nobles et d'autres bas, notamment à propos de l'imagination et le sexe. Cela se clôt sur une réflexion globale sur le sens de l'écriture de l'essai.
[...] Construction d'un 2e humanisme qui considère que dans le monde, tout est incertain. La réflexion met en évidence le peu de foi qu'on peut avoir dans l'objectivité d'une réalité en raison de l'instabilité du monde, redoublé par le fait que nous accordons autant foi à ce que nous présente à l'esprit l'imagination qu'à la façon dont nous pouvons penser le monde rationnellement. Il ne parle pas d'imagination trompeuse à combattre, il se contente de cartographier la force de l'imagination sur l'individu et sur le monde. [...]
[...] Montaigne utilise de nombreux exemples pour montrer que les gens sont renversés par la force de l'imagination. L'imagination renverse la santé en maladie, la raison en folie, le sommeil en veille, l'esprit en corps et un sexe dans l'autre. C'est cette série de renversements que l'on peut appeler miracle ou sortilège. Montaigne s'intéresse à la frontière entre ce qui est croyable et incroyable, entre la veille et sommeil, entre la raison et la folie. Cela rend chaque fois cette frontière mouvante et incertaine. [...]
[...] La puissance de l'imagination peut conduire à l'impuissance du corps. II / Une économie du monde et de la connaissance (du monde, de la matière) : qu'en est-il de notre rapport aux autres et à la réalité extérieure ? Est-il possible d'en développer une connaissance et d'agir sur elle de façon raisonnée ou volontaire ? 7 à 20) Montaigne évoque des anecdotes sur l'impuissance. Le psychisme est parfois un élément majeur de la guérison. L'efficacité de l'imagination sur le corps, qu'elle produise des métamorphoses ou l'impuissance du corps, nous montrent qu'il y a une puissance absolue de l'imagination qui entraîne une défait de la volonté et de la raison. [...]
[...] Montaigne ne cherche pas de force régulatrice pour dire ce qui est un miracle. Il se tient sur la frontière entre l'imagination et la raison, entre la volonté et la croyance, et il constate que tout est incertain et soumis à la force de l'imagination. Chez Locke, dans le discours sur les miracles, il s'agit comme chez Montaigne de collecter une série de faits qui peuvent s'appeler des miracles, qui vont être soumis à une séries s'objection pour interroger le caractère hors-nature du phénomène évoqué. [...]
[...] Ce n'est pas non plus la raison, puisque la raison est renversée par l'imagination. C'est à l'imagination que nous devons attribuer le moteur de l'individu. La direction du corps est confiée par Montaigne à un principe coupé de la transcendance : l'imagination, capable de provoquer des changements incroyables sur le corps. Les métamorphoses et les miracles sont possibles sous l'effet de l'imagination (et non par une intervention divine). Montaigne ne se moque pas d'une naïveté populaire qui croirait la transformation de Marie Germain en homme, par exemple. [...]
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