Au sens étymologique, le barbare est celui qui ne parle pas grec, celui dont la langue est incompréhensible. Pour les grecs, les étrangers « varvarent », comme pour nous les bretons baragouinent (de bara, le pain et gwinn, le vin). Mais caractériser l'autre comme barbare, c'est se définir soi même comme le représentant de la civilisation, et fournir à ses actes une légitimité morale (...)
[...] Montaigne qualifiait d'ailleurs son ami La Béotie de miroir fidèle Ce faisant, il donne naissance au mythe du bon sauvage, dont la fonction première est d'instituer un regard neuf. Au siècle des Lumières, le procédé qui consiste à critiquer la civilisation au nom d'une nature oubliée, corrompue ou détruite, sera repris par Montesquieu (les Lettres Persanes), Diderot (Supplément au voyage de Bougainville) et Rousseau (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes). Si Montesquieu s'amuse à imaginer des touristes persans à Paris, Diderot dénonce lui les ravages causé par l'introduction de la civilisation européenne chez les peuplades primitives d'Océanie, et Rousseau va jusqu'à considérer globalement la civilisation comme un critère négatif, un âge malheureux, par opposition à l'état de nature avant l'introduction de la propriété. [...]
[...] Pour Platon, il y a une irréparable perte d'être entre chaque original et sa copie, aussi grave quand on passe de l'Idée de lit au lit réel que quand on passe du lit réel à l'image du lit. De la même façon, Platon considère que l'écriture favorise l'absence de réflexion et la déformation du savoir. [...]
[...] Montaigne, Les Essais, Livre Chapitre 31 : la barbarie Commentaire d'un extrait du livre I des Essais, de Montaigne, dans lequel le philosophe s'interroge sur la notion de barbarie, qui ne peut être que relative. Texte étudié Chacun appelle barbarie, ce qui n'est pas de son usage. Comme de vrai nous n'avons autre mire de la vérité, et de la raison, que l'exemple et idée des opinions et usances du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses. [...]
[...] Si Montaigne rejette les jugements qui prétendent à une valeur générale et conçoit la vérité de façon relative, c'est pour rendre à la vie sa diversité, son inquiétude, sa complexité. De la même façon Nietzsche jugera nécessaire de mettre la vérité en perspective. Pour lui notre valorisation de la vérité est absurde parce que la vie a besoin du mensonge et de l'illusion pour se développer. Qu'une idée soit fausse n'a aucune importance, si elle est utile à la vie. [...]
[...] Là où je suis-je ne vois qu'une partie de ce qui apparaît. La vérité absolue supposerait, à la manière des portraits cubistes, une saisie globale, intégrale du monde et de sa constitution dans le détail. Ensuite, en mettant en question la supériorité de la civilisation européenne sur celles des peuples dits sauvages ce texte rompt avec l'idée stoïcienne selon laquelle la culture perfectionne la nature et fonde l'anthropologie et l'ethnologie. Pour Montaigne, la connaissance de l'étranger peut nous faire reconnaître notre propre corruption. [...]
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