La révolution s'interprète très volontiers comme le résultat d'une pensée politique qui a
traversé le 18eme siècle de part en part: la révolution est tout à la fois l'aboutissement des Lumières, le point nodal qui fait distinguer entre un avant (l'ancien régime) et un après (les temps modernes), l'acte par lequel la théorie est entrée dans la pratique, ou le droit devenu fait (...)
[...] Lors de la Révolution française, "Liberté, Egalité, Fraternité" fait partie des nombreuses devises invoquées. Dans un discours sur l'organisation des gardes nationales, Robespierre préconise, en décembre 1790, que les mots "Le Peuple Français" et "Liberté, Egalité, Fraternité" soient inscrits sur les uniformes et sur les drapeaux, mais son projet n'est pas adopté. A partir de 1793, les Parisiens, rapidement imités par les habitants des autres villes, peignent sur la façade de leurs maisons les mots suivants : "unité, indivisibilité de la République ; liberté, égalité ou la mort". [...]
[...] On peut à ce moment considérer que la Révolution française est terminée. L'ancien régime est ainsi renié par cet ensemble d'actes symboliques, et l'Histoire est entrée dans l'ère moderne. Même si l'esprit républicain qui prend naissance est finalement supplanté par l'esprit de conquête incarné par l'Empereur Napoléon, désormais les droits de l'homme et la forme politique de la démocratie, sont ancrées dans les consciences, et ressurgiront jusqu'à ce que le régime français se constitue définitivement comme démocratie Jugements sur la Révolution En Europe, en Allemagne notamment, la Révolution est suivie de prés par les autorités et les intellectuels. [...]
[...] En 1791 la première Constitution entre en application et inaugure une monarchie constitutionnelle sur le modèle anglais. Cette assemblée législative ne dure pas, remplacée l'année suivante par la Convention élue au suffrage universel (à l'exclusion des femmes) et non plus comme précédemment au suffrage censitaire (seuls ont le droit de voter et de se faire élire les hommes assez aisés pour payer un minimum d'impôt), laquelle Convention abolit la monarchie pour instaurer l'an I de la république C'est ensuite le procès du Roi qui fait évoluer les choses: Louis XVI est guillotiné sur la place publique le 21 janvier 1793. [...]
[...] Chez Tocqueville encore, la liberté prend la forme de la négation: la liberté est à la fois négative et indéterminée. Négative en ce sens qu'elle a pour expression l'indépendance, le choix par chacun de sa destinée. Indéterminée en ce sens qu'il reste à savoir jusqu'où va ce qui, pour chacun n'a rapport qu'à lui même (Aron). Pour Tocqueville une telle liberté peut ainsi prendre plusieurs formes: la plus éminente est la liberté politique, c'est-à-dire la possibilité pour le citoyen de participer à l'administration des affaires locales et à la gestion de la chose publique, mais c'est aussi les libertés personnelles et intellectuelles et la protection que le droit offre contre l'arbitraire. [...]
[...] Mais il est singulier de voir qu'au XX ème siècle le fait révolutionnaire se revendique beaucoup plus facilement de la doctrine marxiste. L'Europe de l'est, sous l'influence incontestable de l'union soviétique ayant réalisé une véritable révolution prolétarienne en 1917, les pays du Tiers monde, notamment de l'Amérique latine, mais aussi certains pays d'Asie, et enfin jusqu'à l'Europe même, avec mai 68, subissent ainsi le phénomène de la révolution dans un sens éminemment social. L'objectif est sans conteste politique: il s'agit à chaque fois de poser en principe l'égalité juridique, et la liberté inaliénable de l'individu, ainsi de la Révolution des Oeillets au Portugal en 1974 mettant fin à la dictature salazariste. [...]
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