« Nous ne voyons pas les choses elles-mêmes mais seulement les étiquettes » écrit le philosophe français Henri Bergson dans Le Rire. En effet, nous percevons le monde, à tel point que nous impliquons notre propre subjectivité, et ainsi le monde n'est pas donné mais produit (image) de nos percepts qui l'opacifient. Plus qu'une simple représentation, l'image est ambivalente pour autant qu'elle ne désigne pas non plus une réalité à part entière. Indubitablement, nous sommes rentrés dans « une société de l'image ». L'image nous entoure, de l'image documentaire à l'image scientifique, de l'image historique à l'actualité la plus violente. Par son omniprésence « prodigieuse » et diversifiée, l'image est souvent accusée d'agir sur les esprits et les comportements. C'est pour tenter de comprendre les arguments des deux parties adverses, qu'il serait alors intéressant d'analyser le sujet : « Faut-il se méfier de l'image ? » « Se méfier de l'image », montre alors une certaine dimension du sujet, en effet, pour se méfier des images, il faudra donc considérer que l'image possède des pouvoirs, des influences négatives sur notre personne, sinon pourquoi nous en méfierions nous? Mais l'image ne possède-t-elle que des pouvoirs négatifs? N'a-t-elle pas au contraire, des pouvoirs, qu'aucun autre moyen d'expression, ne possède? L'image ne nous permet-elle pas de rendre la culture universelle ?
[...] Dans les émissions d'information courantes, la caméra accorde rarement un regard aux problèmes de fond, mais se contente d'illustrer, en privilégiant les images susceptibles de provoquer des émotions. Lors d'un colloque présidé par l'association des journalistes de défense, un intervenant a décrypté la méthode CNN En effet, pour lui, la première étape est de montrer une image-choc qui sert à indigner, la famine par exemple : pourquoi l'homme politique ne fait-il rien ? Dans un second temps, après l'intervention, image du premier mort américain. Conclusion : Quel est l'irresponsable qui a envoyé des soldats américains ? Troisième et dernier temps, suivi de l'audimat. [...]
[...] Le cinéma par exemple, arrache l'image à son caractère figé, en intégrant d'une part le mouvement et d'autre part le son. Les films permettent alors d'avoir une vision plus large du monde, de connaître plus de choses, que nous n'aurions pu ne jamais connaître. L'image est donc essentielle dans le rôle de vecteur de la cohésion sociale, tout comme le langage. Elle est compréhensible par tout le monde. Mais elle possède aussi une vocation, elle unifie la société démocratique. Mais serait-ce la seule vocation de l'image ? [...]
[...] Dans le domaine de l'art, l'image nous apporte encore plus de magie. L'art possède tellement de capacités. Tout d'abord, l'art permet de mieux concevoir la nature qui nous entoure. Cette théorie a été examinée par de nombreux philosophes. Parmi eux, Dagognet : pour lui, le peintre nous aide donc à mieux concevoir et à voir une nature qu'il a saisie ; nous l'apercevons désormais à travers son regard. S'il n'invente évidemment pas l'univers, il le décalque encore moins : il le découvre. [...]
[...] Il faut laisser du temps à l'image, le temps de la pensée et de la réflexion. Il ne faut pas tenter de faire le procès de l'image en tant que telle, mais plutôt la célébrer comme plaisir et lieu de liberté et de contemplation. Le vrai de l'image, c'est l'intelligible. C'est pourquoi il faut la contempler non avec les yeux du corps, mais avec les yeux du dedans. Platon nous prévenait déjà, à son époque des méfiances qu'il fallait adopter à l'égard de l'image. [...]
[...] S'il est évident que les images nous apportent beaucoup de choses dans notre vie quotidienne et qu'elles ne relèvent pas toutes d'une tromperie, il parait impossible de pouvoir surveiller les usages qui en sont faits. C'est pour cette raison que l'image demande un certain mode de lecture. Un certain apprentissage, qui nous permettra de conserver l'essence de celle-ci, sans nous laisser manipuler. Aucune image n'est innocente, mais aucune n'est coupable, puisque c'est nous qui nous obligeons nous-mêmes à travers elles. Ce que Kant appelait Ding an sich (soit le noumène par opposition au phénomène qui, lui, peut être observé. [...]
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