Nous devons nous interroger sur l'influence du temps sur le "moi" : est-elle totalement subie ? Peut-on se modifier, se construire grâce au temps et par delà le temps ? Cette dissertation de français-philosophie tente de répondre à ces questions, en s'appuyant principalement sur les oeuvres de Saint Augustin (Les confessions, livre X), Musset (Lorenzaccio) et Leiris (L'Age d'Homme) (...)
[...] Saint Augustin : plusieurs tant de ceux qui me connaissent, que de ceux qui ne me connaissent pas et ont seulement ouï de moi, désirent de savoir qui je suis, au temps où j'écris ces confessions (VII) et encore je ne comprends pas tout de fois où est la puissance de ma mémoire, encore que sans elle je ne pourrais me nommer moi-même (XVI) II. Bien que le moi garde son unicité au cours du temps, les expériences que chacun est amené à vivre nous modifient plus que nous ne pouvons le croire. Dans quelle mesure le temps peut-il me modifier à mon insu ? suis-je un simple produit de l'histoire ? Je suis le fruit d'un contexte historique et social bien particulier. [...]
[...] Le moi est don soumis à l'action du temps. Au contraire ne puis-je pas plutôt agir sur le temps en tant qu'histoire, c'est-à-dire choisir mes expériences pour me modifier librement ? Le temps n'est-il pas plutôt l'outil qui me permet de faire de mon moi ce que je veux qu'il soit ? Le temps met tout d'abord une distance entre ma conscience et mon moi passé. Il me permet donc de m'analyser rétrospectivement d'une manière similaire à celle dont on analyserait autrui. [...]
[...] Le temps a donc une influence majeure sur le moi Le moi garde une certaine unicité au cours du temps, grâce à al mémoire et à l'unité physique du corps. Comme je ne peux pas maîtriser mon expérience, le temps agit donc sur le moi d'une manière que je ne peux pas contrôler. Cependant, je peux choisir ce que je deviens, donc ce que je suis, grâce à l'auto-analyse, et à des choix volontaires. L'acte d'écrire en est pour Leiris le moyen par excellence. [...]
[...] Si le moi n'a pas d'unité, la question de l'influence du temps est sera vaine. Puis-je don considérer que mon moi possède une unicité, une existence par delà le temps ? Certaines de mes caractéristiques se maintiennent au cours du temps. La société m'attribue un nom, un prénom, une origine sociale. Mon corps conserve aussi ses principaux traits, les empreintes digitales, par exemple, qui me distinguent de n'importe quelle autre personne. Ainsi, lorsque Saint Augustin déclare je suis uni à mon corps (chapitre VII), c'est l'unité de son moi par delà le temps qu'il proclame, l'unité physique du moi. [...]
[...] Le moi est-il soumis au temps ? Le moi est à la fois unique et multiple. Notre identité par delà le temps nous semble évidente, et pourtant ce moi est en perpétuelle évolution. Personne ne prétend être aujourd'hui ce qu'il était hier. Nous devons nous interroger sur l'influence du temps sur le ‘'moi'' : est-elle totalement subie ? peut-on se modifier, se construire grâce au temps et par delà le temps ? Ces problèmes sont essentiels dans Lorenzaccio, les confessions de Saint Augustin, et l'Age d'Homme. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture