Au cours de la seconde moitié du XVIIIème siècle, les philosophes des Lumières ont des idées novatrices sur les délits, la répression, les peines. Ils dénoncent l'obscurantisme religieux, l'absolutisme royal et les errements de la justice pénale au nom de la liberté. Leur instrument de lutte est la raison, se réclament de la science mais en réalité, ils élaborent un système déductif qui part d'un petit nombre de principes pour en déduire un grand nombre de conséquences.
L'utilité est le principe de base. Criminologiquement, la philosophie pénale des Lumières naît du contexte social et du développement d'une criminalité qui a subi une mutation : la criminalité augmente mais sa gravité baisse, aussi l'exemplarité des châtiments apparaît inadaptée. En effet, les citoyens demandent à être protégés du vol et non assister au supplice d'une minorité de criminels. La nécessité d'une justice plus régulière et efficace dans sa répression apparaît donc nécessaire.
Ainsi naissent les théories pré-criminologiques, qui organisent une systématisation pénale, sous les influences majeures de Beccaria et Bentham.
Cesare Beccaria (1738-1794) est un publiciste et économiste italien. Séduit par les philosophes français, il écrit en 1763 un ouvrage sur l'application au droit pénal des idées de la philosophie des « Lumières », dei delitti e delle pene, de façon anonyme car il redoute des persécutions en raison de son ton novateur. La situation est claire en 1766 et sa notoriété devient très grande.
Jeremy Bentham (1748-1832) voyagea et écrivit beaucoup. Il adopte une démarche interdisciplinaire, acquis une culture éclectique. Un grand nombre de thèmes de notre pensée juridique actuelle ont leur source dans son œuvre : concept d'utilité, balance des intérêts, de science de droit, de codification ou de prévention.
Il apparaît donc nécessaire d'étudier la finalité de la répression (I) avant de montrer le développement d'un conception utilitaire de la pénologie (II).
[...] Bentham parle également de la souffrance de la peine : pour remplir sa fonction, elle doit être un mal. Ce mal est susceptible de deux sens : le mal apparent, qu'il faut privilégier car il peut détourner des individus du crime et le mal réel, infligé au délinquant, qui doit être le plus modeste possible (principe du moindre coût de la peine.) Pour y parvenir, la peine doit remplir deux caractères : elle doit être effrayante (Le panoptique, pouvant être visité pour servir d'exemple a cette fonction, comme l'établissement destiné aux condamnés perpétuels qui est encore plus terrifiant, avec des murs décorés de façon à impressionner les visiteurs).De plus, la peine doit être comprise par l'opinion publique autant que possible. [...]
[...] Il garde le bannissement pour les crimes atroces (chap.17) et les peines corporelles, qu'il ne définit pas ainsi que l'infamie, correspondant à nos peines privatives de droits. Il rejette (chap.17) la confiscation générale et la peine du bûcher. Peine de mort Beccaria consacre le chapitre 16 le plus long - de son ouvrage à ce sujet. Sa position est nuancée : dans son principe, il propose la suppression de cette peine, ce qui est novateur car tous les auteurs l'estiment nécessaire, saint Augustin, Voltaire, Diderot et J.J. [...]
[...] La modernité des théories utilitaristes Introduction Au cours de la seconde moitié du XVIIIème siècle, les philosophes des Lumières ont des idées novatrices sur les délits, la répression, les peines. Ils dénoncent l'obscurantisme religieux, l'absolutisme royal et les errements de la justice pénale au nom de la liberté. Leur instrument de lutte est la raison, se réclament de la science mais en réalité, ils élaborent un système déductif qui part d'un petit nombre de principes pour en déduire un grand nombre de conséquences. [...]
[...] Les moyens mécaniques L'inefficacité des méthodes d'amendement est soulignée par l'importance de la récidive. On insiste sur la nécessité de l'amendement lors des premiers contacts du délinquant avec les organes de répression. Jusqu'au XXème siècle, les méthodes correctives sont des méthodes de masse qui visent à modifier le criminel d'une manière mécanique. La théorie classique assimilait l'efficacité de l'amendement à la sévérité de la peine, en particulier la souffrance physique. La méthode de Bentham consiste à créer une habitude mécanique grâce à l'autorité. [...]
[...] Pour Bentham, la certitude de la peine aboutit à l'adoucir, c'est la dialectique sécurité-certitude. Promptitude Plus la peine sera prompte et suivra de près le délit, plus elle sera juste et utile (chap.19) Elle sera plus juste en ce que cela évite les affres de l'incertitude, la privation de liberté avant le jugement. Elle sera plus utile car elle associera l'idée de délit à celle de peine, l'un est la cause, l'autre est l'effet nécessaire et inéluctable Pour Bentham, on doit prononcer le châtiment rapidement si l'on veut développer la prévention car «l'impression du crime sur l'esprit des hommes s'affaiblit par l'éloignement». [...]
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