Modernité de la Foi, Jacques Attali, Histoire de la modernité, Église chrétienne, Islam, Jerusalem, pensée grecque
De l'an 300 jusqu'en 1400, on est dans l'ère de la modernité de la Foi. La conception dominante de la modernité est entre les mains de l'Église chrétienne et des élites féodales et militaires qui y puisent leur légitimité. Est moderne de croire et de servir les intérêts de l'Église. Est moderne de croire, ou de feindre de croire, dans le triomphe à venir du Christ, dans la rédemption et la résurrection comme seul avenir de l'humanité. L'Être, la logique et la liberté individuelle ne seront plus des objectifs de l'avenir. Ils en seront même les ennemis.
[...] La science est plus méritoire que la prière dit le Prophète. Et : Un seul homme de science a plus d'emprise sur le démon qu'un millier de dévots Le Coran demande de déchiffrer l'univers, œuvre d'art signifiante Pour les premiers philosophes musulmans, il faut chercher la vérité dans le Coran, mais aussi dans les idées grecques. Séparer la spéculation intellectuelle de la réflexion sur le salut. Mais l'islam est une religion prosélyte, comme le christianisme. Au fil de l'épée. Elle n'admet comme modèle que sa foi. [...]
[...] Seule l'Église est autorisée à accumuler du patrimoine dans le but de servir sa puissance et sa gloire. Les princes, qui favorisent cette transmission, se constituent au passage des domaines immenses. Le vêtement devient un costume cousu. On abandonne le drapé prisé dans les pays chauds et surtout à Rome. En 496, le baptême de Clovis organise l'alliance par laquelle l'Église impose sa doctrine à tous les rois et empereurs se partageant la dépouille de l'Empire romain. Au VIIe siècle, l'islam apparaît en Arabie. [...]
[...] Pour les besoins de l'astronomie apparaissent l'algèbre, la théorie des coniques et celle des asymptotes. Arrive l'an mille. L'Église continue d'imposer dans l'essentiel de l'Europe l'idée que la pleine dignité humaine se conçoit sur le plan spirituel, par la foi, et par l'abandon de toutes ses richesses à l'Église. L'Église réussit une formidable synthèse entre le monothéisme juif, le polythéisme grec et la structure romaine du pouvoir. Mais peu à peu, ici et là, dans des ports, dans le tout jeune Saint-Empire romain germanique, en Italie, en France (moins en France qu'ailleurs), l'économie marchande prend son essor : circulation des marchandises, prêt d'argent, progrès technique. [...]
[...] Pour eux, foi et raison n'ont pas le même objet et peuvent, voire doivent cohabiter. Mais l'Église veille, excommunie, torture, brûle tous ceux qui s'opposent à sa conception du destin de l'humanité. Elle invente même un instrument terrible : l'Inquisition. Au début du XIVe siècle, les progrès techniques sont de plus en plus considérés comme des nouveautés positives, annonciatrices d'un avenir meilleur. Les couvents y participent souvent. Les échanges internationaux se développent. Jean Duns Scot, qui enseigne à Oxford, souligne la valeur du commerce et des échanges. [...]
[...] La modernité, au sens futur de la Raison, poursuit sa marche. Des débats à ce sujet animent les premières universités chrétiennes à Paris, Toulouse, Padoue, Montpellier. Elles ont été créées par le pape pour enseigner le droit canon. Mais des voix s'élèvent peu à peu contre le dogmatisme. Celle notamment du moine bénédictin anglais Adélard de Bath qui oppose l'inconsistance des doctrines enseignées en France à l'effort arabe pour constituer un savoir rationnel Londres. Après une courte guerre civile entre les barons et le roi Jean sans Terre, la Magna Carta, rédigée principalement par Étienne Langton, archevêque de Canterbury, limite l'arbitraire du pouvoir royal et établit l'habeas corpus interdisant de spolier ou de priver de liberté tout homme libre sauf par le jugement de ses pairs ou par la loi du pays Nul ne peut plus être contraint, emprisonné, spolié, amendé, déshérité sans raison au profit de la couronne royale ou de ses représentants. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture