L'embonpoint est aujourd'hui redouté et la graisse bannie de la cuisine. Cette nouvelle tendance est-elle une simple affaire de mode par essence passagère ? N'obéit-elle pas à des motivations plus subtiles ? Une étude préalable de l'impact de la mode dans cette condamnation du gras nous conduira ensuite à dégager d'autres facteurs plus profonds, susceptibles d'expliquer la réelle obsession de minceur présente en Occident.
La mise à l'index du gras, qu'il soit manifeste dans les rondeurs d'un corps ou présent dans l'alimentation, est un phénomène dans lequel la mode joue un rôle non négligeable.
I) L'impact de la mode dans la condamnation du gras
1) L'apparition de la maigreur dans la haute couture
Sur un plan historique, la maigreur comme norme idéale de la haute couture est apparue dès les années 60. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, comme en témoignent par exemple la Didon de Rubens, les femmes aux formes très généreuses étaient à l'honneur, tout simplement parce, dans un monde de pénurie où les épisodes de famine décimaient les populations, une épouse un peu grasse résistait mieux à la disette, surtout en cas de grossesse et d'allaitement. Les rondeurs étaient donc signes de fécondité féminine et, chez les hommes, une petite bedaine était l'indice d'un statut social enviable qui garantissait à la famille une nourriture suffisante. Mais, après la Seconde Guerre mondiale et avec l'industrialisation de l'agriculture, la peur d'avoir faim disparaît et, avec elle, le culte des formes très abondantes. Les célébrités restent toutefois encore très féminines, telles Marilyn Monroe ou Brigitte Bardot. Mais les années 60 voient apparaître les premiers mannequins décharnés, dont la célèbre Twiggy, autrement dit « la brindille », qui, entre deux hospitalisations dues à son faible poids, présente les premières mini-jupes de Mary Quant. Ce modèle a d'ailleurs clos rapidement sa carrière en déclarant non sans humour qu'on ne pouvait pas « servir de cintre toute sa vie ». Si l'on peut éclairer par des raisons économiques le déclin des rondeurs abondantes, comment expliquer ce culte soudain des couturiers (...)
[...] Toutefois, si les campagnes menées par les médias et le travail de chaque généraliste auprès de ses patients sont de plus en plus présents, il faut reconnaître que la Faculté ne prône pas la minceur, encore moins la maigreur qui pose autant de problèmes que l'obésité. Elle incite tout simplement à conserver un poids raisonnable très éloigné de la taille zéro en vogue sur les podiums. 3)Les facteurs moraux La piste éthique semble plus probante dans l'élection de la maigreur comme seule norme admise. [...]
[...] Ce glissement du physique au moral est stupide dans la mesure où il ne correspond à aucune réalité ; bien plus, il est dangereux à une époque où les plus enrobés se recrutent dans les couches de population démunies qui n'ont plus accès aux fruits, aux légumes, au poisson, encore moins au coaching d'un diététicien. Or il faut souvent plus d'imagination et de volonté pour nourrir ses enfants avec un salaire de misère que pour confier le maintien de sa silhouette à un tiers dont les services sont très onéreux. [...]
[...] Les très nombreux changements qui ont traversé le XXe siècle sont en fait à la source d'une véritable révolution vestimentaire. Le travail des femmes pendant les guerres, la démocratisation de la bicyclette, l'apparition de la voiture, l'ascension progressive du sport et des loisirs, en particulier des bains de mer et du ski, ne peuvent plus s'accommoder de robes à traîne et autres dentelles envahissantes ; il faut créer des vêtements pratiques qui permettent de suivre les progrès techniques et les avancées sociales. [...]
[...] Dans la condamnation qui frappe aujourd'hui la graisse et l'embonpoint, quelle est la part de la mode ? Cette condamnation ne cache-t-elle pas un autre phénomène plus profond ? Schéma du plan proposé Première partie : L'impact de la mode dans la condamnation du gras 1 : Apparition de la maigreur dans la haute couture 2 : Diffusion de cette image par le biais des médias Seconde partie : Les autres facteurs 1 : Facteurs économiques 2 : Facteurs sanitaires 3 : Facteurs moraux L'embonpoint est aujourd'hui redouté et la graisse bannie de la cuisine. [...]
[...] Les actrices, les célébrités à particule les mannequins de haute couture deviennent des figures familières, ce qui contribue à répandre à grande vitesse un modèle de minceur venu des podiums. Les photographies des diverses vedettes sont à la une de tous les périodiques et sont désormais, par le biais de l'informatique, totalement retouchées : on creuse les joues, on accentue les salières, on rabote les cuisses ; nos hommes politiques eux-mêmes font gommer leurs poignées d'amour lorsqu'ils sont immortalisés sur un yacht Sur le papier glacé, tout le monde est beau et tout le monde est maigre, pendant que, parallèlement, la presse people en plein essor, Voici, Gala et autres périodiques de même qualité, fait ses choux gras en diffusant les clichés volés d'une célébrité qui, sur la plage, n'a pu contenir un petit bourrelet. [...]
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