« Se mettre à la place d'autrui » est une expression courante et familière. On invite son interlocuteur à opérer ce mouvement afin de lui expliquer son geste ou de justifier sa conduite. On laisse donc entendre que si notre interlocuteur, était dans notre situation, il nous comprendrait et partagerait notre point de vue. Pour l'opinion commune, il semble donc évident que l'on puisse se mettre à la place d'autrui.
Pourtant, cette formule demeure étrange. En effet, comment penser une relation à autrui où serait abolie toute distance qui me sépare de lui ? On peut penser qu'une telle expérience d'identification à autrui est en contradiction avec notre statut d'individu en vertu duquel je suis l'être que je suis et non pas un autre.
Le sujet nous met face à un paradoxe : ou bien, il est possible de me mettre à la place d'autrui ; alors l'identification entre deux consciences est réalisable ; ou bien je suis une personne unique et la distance ne peut que persister entre moi-même et l'autre ? Cette expression pose donc le problème de la communication des consciences (...)
[...] Lui, c'est lui Notre rapport à autrui est- il de l'ordre de l'altérité absolue? Revendiquer l'altérité absolue d'autrui, la différence radicale et justifier ainsi l'impossibilité de se mettre à sa place, revient dans la pratique à enfermer autrui dans sa différence. Une telle position devient celle de l'indifférence. L'indifférence se traduit dans les faits par les refus de toute communication, de tout partage. Comme le dit si bien Lucrèce: On assiste du rivage à la détresse d'autrui et on se plaît à voir quels malheurs nous épargnent Etre différent, c'est faire triompher l'impérialisme de don moi sous la forme de l'égocentrisme. [...]
[...] Pour se mettre à la place d'autrui il faut donc se métamorphoser, effacer son être pour emprunter celui de l'autre. Cette mutation semble possible parce que l'autre est un autre moi. Cependant, un tel processus d'identification ne va pas de soi. Qu'est-ce donc qui rendrait difficile cette communication? Se mettre à la place d'autrui rentre en contradiction avec notre statut d'individu en vertu duquel l'homme est un être particulier, ayant chacun ses caractéristiques propres qui le distinguent de tout autre. [...]
[...] mettre à la place d'autrui c'est changer de lieu. Mais, ce lieu désigne, au sens figuré, l'être qui est en face de moi et qui me demande de me mettre dans sa peau pour que je puisse le comprendre dans sa vérité. Cette étrange incorporation semble être la seule possibilité de compréhension d'autrui. Je ne peux comprendre autrui, communiquer avec lui, le conseiller, l'aider, que si je peux me mettre à sa place, voir ce qu'il voit, vivre ce qu'il vit, bref, si je peux être lui. [...]
[...] Se mettre à la place d'autrui cette expression métaphorique est hyperbolique, car en raison des différences individuelles, une totale identification à autrui est impossible. L'expression n'est pourtant pas absurde. Elle permet de repenser la différence des individus de manière non- exclusive. Cette communication des consciences est rendue possible par la sympathie qui n'exige ni l'annulation de celle d'autrui. Je peux donc me mettre à la place d'autrui parce qu'au- delà de toutes nos différences, il n'y a entre nous une parenté humaine et universelle. [...]
[...] Puis- je me mettre à la place d'autrui ? mettre à la place d'autrui» est une expression courante et familière. On invite son interlocuteur à opérer ce mouvement afin de lui expliquer son geste ou de justifier sa conduite. On laisse donc entendre que si notre interlocuteur, était dans notre situation, il nous comprendrait et partagerait notre point de vue. Pour l'opinion commune, il semble donc évident que l'on puisse se mettre à la place d'autrui. Pourtant, cette formule demeure étrange. [...]
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