Il peut sembler illusoire de chercher à mesurer une réalité aussi insaisissable et fuyante que le temps. Le temps, en effet, est ce qui s'écoule irréversiblement.
Le temps apparaît mesurable pour autant qu'on peut définir une unité élémentaire, et pour autant qu'on peut compter cette unité élémentaire autant de fois qu'il est nécessaire à partir d'un point donné. La mesure du temps suppose donc la double opération de division et de répétition d'une même unité. Mesurer le temps, c'est le tenir pour un composé.
C'est pourquoi mesurer consiste à quantifier ; c'est faire correspondre un nombre à une réalité donnée, à savoir ici le temps. Autrement dit, si l'on considère la mesure comme quantification, il s'agit alors d'analyser ce que signifie pour le temps sa possible quantification.
[...] En effet, l'instant est-il toujours le même ou toujours différent ? Si l'instant est toujours différent, il est impossible de penser le passage d'un instant à un autre ; et si l'instant est toujours le même, tous les événements sont simultanés et il n'y a plus de passage. En somme, l'instant est contradictoirement ce qu'il n'est pas et n'est pas ce qu'il est, dans la mesure même où il relève à la fois de ce qui n'est plus et de ce qui n'est pas encore. [...]
[...] Le temps n'est pas composé de parties divisibles à l'infini et il n'est pas formé non plus d'éléments indivisibles. Le problème de la mesure du temps reste donc entier Antithèse : le temps comme continu a. Temps et espace Commençons par nous demander comment la science s'y prend pour mesurer la durée d'un événement, par exemple le temps mi par un coureur sur un stade pour parcourir cent mètres. On note la simultanéité de la détente du coureur et d'une position quelconque de l'aiguille du chronomètre et, à l'arrivée, une simultanéité du même genre. [...]
[...] La durée est la trame de l'être. Si la durée, en tant que telle, n'est pas mesurable, c'est d'abord parce qu'elle est une continuité indivisible, parce qu'elle est une multiplicité qualitative où tous les éléments sont hétérogènes ; elle n'est pas mesurable, car toute mesure suppose homogénéité et spatialisation. Toute mesure suppose que l'on ramène une succession d‘éléments à la simultanéité d'un ensemble de points identiques, à eux-mêmes, c'est-à-dire à un nombre. On peut dire en ce sens que l'opération de mesure consiste à déréaliser la durée, puisqu'on la ramène à la commune mesure du nombre. [...]
[...] Que mesure-t-on du temps ? Il peut sembler illusoire de chercher à mesurer une réalité aussi insaisissable et fuyante que le temps. Le temps, en effet, est ce qui s'écoule irréversiblement. Le temps apparaît mesurable pour autant qu'on peut définir une unité élémentaire, et pour autant qu'on peut compter cette unité élémentaire autant de fois qu'il est nécessaire à partir d'un point donné. La mesure du temps suppose donc la double opération de division et de répétition d'une même unité. [...]
[...] Le temps, c'est la contradiction en acte. Dans le temps comme durée, comme continu, l'instant doit être conçu comme une limite au sens hégélien du terme. Pour Hegel, la limite n'est pas ce qui borne, ce qui arrête le mouvement, elle est au contraire ce qui rend possible le passage et donc la continuité. [Il y a nécessairement un au-delà de la limite] En somme, le temps comme continu ne peut s'affirmer que contradictoirement comme le passage d'une détermination à une autre, d'un instant comme infiniment petit évanescent à un autre. [...]
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