La lecture contribue-t-elle à l'éducation du lecteur, Jean-Jacques Rousseau, Jean de la Fontaine, Balzac, reflet de la société, Marcel Proust, apprentissage, hyperbate, monde imaginaire, représentation de la réalité
"Je hais les livres : ils n'apprennent qu'à parler de ce qu'on ne sait pas", déclare Rousseau dans "l'Émile". L'auteur genevois fait ainsi des livres des vecteurs d'ignorance, s'opposant de ce fait à l'opinion commune qui les considère comme une source de savoir, voire même comme un biais d'éducation pour le lecteur. Jean de la Fontaine ne déclarait-il pas dans ses "Fables" : "Je me sers d'animaux pour instruire les hommes" ? Alors, dans quelle mesure la lecture contribue-t-elle à l'éducation du lecteur ? Nous verrons en premier lieu que la lecture semble par nature instruire le lecteur, mais nous pourrons observer en second lieu que cela peut ne pas être le cas et qu'il arrive même qu'elle le plonge dans l'ignorance. Aussi, nous remarquerons finalement que c'est en exposant et en dénonçant l'ignorance que la lecture contribue à l'éducation du lecteur.
[...] Le livre donc, est un vecteur de connaissance. Dès lors, la lecture éduque le lecteur en ce qu'elle le guide dans la société. Le livre est alors un moyen de faire connaître au lecteur des idées, des idéaux, et même une idéologie, et de l'amener à les adopter. C'est dans cette perspective que l'on peut placer les œuvres fictionnelles de Sartre : Huis-Clos semble par exemple mettre en scène ses thèses sur la question d'autrui, tandis que Les Chemins de la liberté illustrent sa philosophie existentialiste. [...]
[...] Ne ressort-on pas grandi de la lecture d'un roman de Stendhal tel que Le Rouge et le Noir, et ce d'autant plus que l'attachement, la paradoxale sympathie que l'on peut éprouver à l'égard du personnage de Julien est forte ? En d'autres termes, la communion de sentiment que l'on peut ressentir avec un personnage augmente notre savoir et ainsi, nous éduque. II- Il peut toutefois arriver que la lecture ne contribue pas, et même nuise à l'éducation du lecteur. Le livre ne reflète en effet pas toujours le monde. [...]
[...] La lecture, en ce cas, ne contribue aucunement à l'éducation du lecteur, ou n'en a tout du moins pas la prétention. Les auteurs peuvent alors privilégier le style au sujet, comme Raymond Queneau qui, dans les Exercices de style, raconte cent fois la même courte anecdote, en soi insignifiante, mais en des styles différents. Membre de l'Oulipo, Queneau privilégiait alors une littérature sans objet autre qu'elle-même. La lecture, dès lors, parce qu'elle ne porte pas d'enseignement, ne contribue pas à l'éducation du lecteur. [...]
[...] Dans la République, Platon considère ainsi, entre autres arts, la littérature comme une pâle et mensongère copie du monde. La mimésis ne serait en ce sens pas instructive pour le lecteur. C'est pourquoi l'empereur Hadrien peut déclarer, dans les Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar : « Mais les livres mentent, et même les plus sincères ». L'hyperbate met bien en évidence le fait que c'est la littérature dans son ensemble qui est trompeuse. Non parce qu'elle est totalement dénuée de vérité, mais parce que la réalité « n'y tient pas toute entière ». [...]
[...] Dans quelle mesure la lecture contribue-t-elle à l'éducation du lecteur ? « Je hais les livres : ils n'apprennent qu'à parler de ce qu'on ne sait pas », déclare Rousseau dans l'Émile. L'auteur genevois fait ainsi des livres des vecteurs d'ignorance, s'opposant de ce fait à l'opinion commune qui les considère comme une source de savoir, voire même comme un biais d'éducation pour le lecteur. Jean de la Fontaine ne déclarait-il pas dans ses Fables : « Je me sers d'animaux pour instruire les hommes » ? [...]
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