Rompant avec les héritiers d'A. Comte (E. Durkheim, F. Simiand), Aron introduit en France la sociologie allemande, dominée par Max Weber. Après la guerre, Aron aide à découvrir les ?uvres de Tocqueville ou Walras Pareto. Ses recherches portent sur l'étude des sociétés industrielles, des rapports qui s'y instaurent entre la structure sociale et le régime politique. Confrontant l'expérience des régimes « constitutionnels pluralistes » aux errements des totalitarismes, ses analyses comparatives font ressortir la fragilité et les chances des sociétés démocratiques : à égale distance d'un système négateur des libertés et d'un Etat qui ne se chargerait pas d'« atténuer » les rigueurs du hasard social, la réalité des sociétés occidentales esquisse une synthèse dont les utopies politiques n'ont que trop souvent manqué la formule. Quand Raymond Aron mourut en automne 1983, les premiers exemplaires de ses Mémoires, l'ultime des presque quarante livres écrits par ce philosophe social et idéologue, l'un des plus connus de la seconde moitié de notre siècle se trouvaient déjà sur les bureaux des rédacteurs des principaux journaux et magazines de France.
[...] Okun contre lesquelles se sont résolument dressés I. Kristol et les autres défenseurs de l'establishment américain avec lesquels se solidarisait aussi Aron. Aujourd'hui, après la traduction en français du livre de Rawls, cette polémique renaît sur le terrain social français[74]. Le mérite de Marx par rapport aux économistes et sociologues à l'époque se manifestait peut-être en ce qu'il voyait sa vocation de savant dans l'identification et la résolution des problèmes socio-économiques inévitables, tandis qu'Aron considérait que la mission de la science était de «quantifier» les concepts, c'est-à-dire de construire des systèmes d'équations. [...]
[...] sont les deux pôles entre lesquels se tend jusqu'au déchirement le débat intellectuel du siècle . c'est dans nos têtes que s'affrontent les deux voix éternellement ennemies, nos deux voix»[92]. Du même âge qu'Aron, son compagnon d'études, l'ami de sa jeunesse et son frère d'armes politique jusqu'en 1947, J. P. Sartre (1905-1980) fut un remarquable écrivain et un philosophe original, une personnalité politique de tendance démocratique et progressiste, un homme aux convictions radicales. Il est difficile d'imaginer, sans sa contribution ce qu'aurait été la vie intellectuelle et sociale de la France d'après-guerre. [...]
[...] Les idées fondamentales des «nouveaux philosophes» .Glucskman, B. H. Lévy), reprennent en fait les thèses formulées en leurs temps, par Schopenhaeur et Nietzsche. Ainsi, nous avons devant nous un penseur social et un idéologue qui, pendant un demi-siècle, a systématiquement développé ses opinions à bien des égards originales, mais qui n'a pas laissé après lui de système socio- philosophique tant soit peu élaboré, qui a formé à la Sorbonne et dans d'autres grandes écoles plus d'une génération de philosophes, de sociologues et politologues français et qui n'a pas créé sa propre école scientifique ni en philosophie, ni en sociologie, ni en politologie, qui a défendu avec persévérance ses convictions idéologiques et théoriques, mais qui n'a pas eu de disciples parmi ses propres élèves. [...]
[...] On pouvait dire des arguments invoqués par les orateurs ce qu'avait dit Alice: «Quoique cela n'ait pas grande importance . Avoir la tête en haut ou en bas n'a jamais gêné la marche d'une affaire». La principale pièce à conviction était un «document» produit devant le tribunal par le Lapin blanc, document que, de son propre aveu, n'avait pas encore lu». (Durant le débat le rôle de ce document fut confié au livre tout juste paru d'Aron Dix-huit leçons sur la société industrielle, publié en français et que la plupart de ses adversaires n'avaient pas encore lu). [...]
[...] Aron cite une phrase de F.Engels dans sa lettre du 27 Août 1890 à P.Lafargue: «Ces messieurs font tous du marxisme, mais de la sorte que vous avez connue en France il y a dix ans et dont Marx disait: «Tout ce que je sais, c'est que je ne suis pas marxiste moi»(F.Engels-P. et L. Lafargue. Correspondance,T.2, Ed. Sociales. Paris 1956, p. 407.) [46]. R. Aron, Mémoires, Julliard, Paris p [47]. [...]
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