La France, selon PIERRE NORA, historien, auteur de les Lieux de mémoire, a été « malade de sa mémoire ». Pourquoi ? Il y a la volonté d'un côté, assez positive, de reconnaître l'existence de certains faits oubliés (ex : Indigènes avec Jamel Debbouze).
En revanche, il y a un côté plus négatif car il y a des choix politiques discutables comme, par exemple, la date du 10 mai pris comme date de commémoration de l'esclavage car la loi Tobira du 10 mai 2001 reconnait l'esclavage comme crime contre l'humanité ; certains ont dit que c'était trop politique et qu'on aurait dû plutôt choisir le 27 avril car le 27 avril 1848 est la date de l'abolition de l'esclavage (...)
[...] - La mémoire des déportés : c'est la mémoire blessée Tous les déportés se sont exprimés dès leur retour mais on n'avait pas forcément envie de les entendre à ce moment-là. Le pouvoir politique en place a refusé à la Libération de reconnaitre l'une quelconque de ces mémoires car cela n'allait pas dans le sens d'une reconstruction de l'identité nationale, d'une réconciliation nationale. Il n'en demeure pas moins que les premières divisions de la mémoire sont issues de l'après deuxième Guerre Mondiale. On parle de la Libération mémorielle. [...]
[...] On peut alors arriver à une certaine tyrannie de la repentance. Si on parle de repentance exacerbée, c'est parce que la première réaction que l'on quand on veut surmonter une tragédie dans les sociétés occidentales, c'est l'oubli. Cet oubli est donc bien le deuxième élément constitutif de cette mémoire. Ces exemples d'oublis ont toujours existé dans un but identitaire, déjà avec les problèmes religieux qu'a pu connaitre la France. L'Edit de Nantes commençait par la mémoire de toute chose Dans le film d'Alain Rennais, Nuit et brouillard, un article du Monde a parlé en 2006 du fait qu'il y avait une image du camp de Pitiviers (au sud de Paris) et, sur la gauche de l'image, il y avait une bande noire qu'on a enlevée seulement en 1997 où on a alors pu voir un gendarme français. [...]
[...] En France, l'Histoire a été écrite comme un roman national un roman qui se déploie de la Gaule à De Gaulle L'Histoire a été conçue comme un instrument de formation civique et comme un moyen de former une conscience collective et ce, grâce à la commémoration qui est un instrument d'unification. La commémoration permet l'union entre les citoyens. Cela a été un choix fait dès la Révolution pour créer une nouvelle société. Cette commémoration a été reprise avec la IIIe République comme une nécessité républicaine car on assigne à l'Histoire un rôle, un mission particulière, à savoir un rôle de pacification de la Nation. On a donc une vision théologique de l'Histoire dont la finalité particulière est de construire la Nation. [...]
[...] Il y a donc une certaine opposition entre la mémoire et l'Histoire et pourtant, cela peut être dépassé. C L'opposition entre mémoire et Histoire dépassée Au contraire d'une opposition, il y a plutôt une utilisation réciproque, une instrumentalisation réciproque. Souvent, on peut en effet voir une articulation entre la mémoire et l'Histoire entre lesquels il peut y avoir des médiations et, pour démontrer cela, on peut se référer aux travaux de psychanalyse de SIGMUND FREUD. Dans de la Technique analytique, il parle de la possibilité, grâce à la médiation d'un tiers, le psychologue qui écoute, d'exprimer un souvenir (souvent une souffrance) et ce, par le langage, le discours. [...]
[...] Le oui l'a emporté. Pourtant, les dispositions visent une amnistie générale des services de sécurité accusés de violation du droit des personnes pendant la guerre civile en 1990. Tout cet arsenal juridiques empêche ainsi les familles de disparus de toute poursuite car on considère que les auteurs d'exaction (actions d'exiger plus que son dû en profitant de son pouvoir, voire pillages) n'ont plus à être poursuivis, alors que personnes ont disparu. Cet oubli est quand même considéré comme salvateur car il y a une volonté de construire la paix, une réconciliation et cela fixe les événements pour un moment donné. [...]
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