Mémoire, vulnérable, invulnérable, mythe, Zeus, blessure, corps, humilité, Platon, réalité, Camus, Mersault, Roland Barthes, Aragon, Freud, Gilles Deleuz, aletheia, alesthos, Diderot, Baudelaire, remède, Modiano, Ovide, Nietzsche, Julie Charles, Léthé, Saint-Augustin, Proust, homme
Dans le mythe de l'Androgyne, Platon évoque l'hubris des hommes les menant à la punition divine. Pour les punir, Zeus aurait tranché en deux les hommes (qui étaient sous forme sphérique). Les malheureux étaient ainsi à la recherche éternelle de leur moitié. Platon rappelle que le nombril, cicatrice de cette punition divine, devait rappeler à l'homme de faire preuve d'humilité. Parler de blessure du corps semble donc évident, mais peut-on en dire de même des blessures de la mémoire ? Sont-elles visibles, comme l'est la punition divine infligée par Zeus dans ce mythe ?
[...] Dès lors, la mémoire, dite propre à l'homme et donc vulnérable (sujette aux blessures) ainsi que guérissable (sujette aux soins), n'est-elle pas au fond invulnérable (en ce qu'elle ne peut être blessée) ? Les blessures de la mémoire : une réalité indubitable D'abord, si la mémoire est inhérente à l'homme, alors les blessures de la mémoire sont une réalité indubitable. Quelles formes peuvent-elles avoir ? Les deux formes les plus communes des blessures de la mémoire sont le deuil et la mélancolie. [...]
[...] La Fortune des Rougon marque le commencement de cette fêlure, avec le personnage d'Adélaide Fouque : « Malheureuse, je n'ai fait que des loups . toute une famille, toute une portée de loups. » Plus tard, dans La Bête humaine, Jacques (amant de Séverine) est maitrisé par une pulsion du meurtre. Descendant d'Adélaide Fouque, Jacques est condamné à commettre le mal. Tout est là pour nous signifier que les blessures de la mémoire d'Adélaide vont se transmettre à ses descendants. « Etait-ce sa soif qui était revenue, se venger des offenses très anciennes, dont il aurait perdu l'exacte mémoire ? [...]
[...] L'impardonnable prouve également qu'il existe des blessures de la mémoire, prouvant ainsi son caractère vulnérable. Dans son Salon de peinture (1765), Diderot commente deux tableaux de Greuze (Le fils ingrat et Le fils puni). Dans le premier tableau, le fils annonce à son père qu'il doit rejoindre l'armée et donc quitter sa famille. La colère du père est sans égal. « Malheureux Que fais-tu ? Tu repousses ta mère, tu menace ton père . mets-toi à genoux et demande pardon. [...]
[...] Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans, De vers, de billets doux, de procès, de romances, Avec des lourds cheveux roulés dans des quittances, Cache moins de secrets que mon triste cerveau. » Le poète, condamné au regorgement incessant de souvenirs indésirables, est victime du spleen, ce malaise existentiel. En état de démission psychologique, Baudelaire nous avoue être vaincu. Vaincu par les blessures de la mémoire. Y'a-t-il un remède à ces blessures ? Peut-on soigner cette mémoire blessée ? Le remède aux blessures Dans un premier temps, il existe un remède s'opérant de manière inconsciente. [...]
[...] Mais les épisodes de réminiscence vont le guider vers cette vocation (qui vient de Vocare en latin, c'est un appel). Rappelons que les épisodes de réminiscence vécus par Marcel et que nous allons énumérer sont tous des échecs et donc des blessures de la mémoire. Dans Le côté de Guermantes, Marcel était dans une voiture avec Saint Lou. Trois souvenirs surgissent : Doncières, Balbec et Sombra. Certes, une joie fugitive est éprouvée par Marcel, mais la révélation ne s'opère pas, car il n'est pas seul. [...]
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